La période de préparation des quatre sélections arabes qualifiées pour le Mondial 2018 a été intense, diversifiée, passionnante et riche en enseignements. Mais le bilan n’est pas totalement positif pour tout le monde. Le Maroc a frôlé l’excellence, la Tunisie a été remarquable, l’Arabie Saoudite a été moyenne alors que, grosse surprise, l’Egypte a beaucoup souffert.
Le Maroc : Et si les Lions faisaient aussi bien qu’en 1986 ?
Avec trois victoire et un nul en quatre matches, les Lions de l’Atlas ont signé un bilan élogieux et presque parfait. Vainqueurs de l’Ouzbékistan (2-0), de la Serbie (2-1), la Slovaquie (2-0), de l‘Estonie (3-1) et tenus en échec par l’Ukraine (0-0), les protéges de Hervé Renard n’ont jamais tremblé. Ils ont dominé tous leurs adversaires . Et s’ils auraient dû faire plus sur le plan offensif, surtout en marquant autrement que sur des phases arrêtées et en concrétisant les nombreuses occasions créées, ils ont fait preuve d’une solidité défensive indiscutable, Le point fort d’un groupe soudé et talentueux. Cerise sur le gâteau, les quarts de finalistes de la dernière CAN ont tricoté un jeu séduisant. Maintenant, ils devront élever encore plus leur niveau dans un Mondial qui ne leur a pas fait de cadeaux en leur offrant un groupe de la mort composé du Portugal, champion d’Europe en titre, de l’Espagne, numéro 1 au classement mondial FIFA et l’Iran sans doute la meilleure équipe d’Asie. En cas de qualification pour les huitièmes au détriment d’un membre de la péninsule ibérique, l’exploit serait retentissant. En 1986, ils avaient bien battu le Portugal (3-1), accroché l’Angleterre (0-0) et la Pologne (0-0) pour finir premiers de leur groupe . Pourquoi ne pas récidiver avec cet effectif haut de gamme ?
La Tunisie : Aigles de Carthage aux griffes acérés
Moins de panache peut-être ou un panache différent de celui du Maroc, mais la Tunisie a beaucoup impressionné. Le sélectionneur Nabil Maaloul dispose à l’évidence d’un groupe cohérent, équilibré dans toutes ses lignes même si en attaque il manquera toujours le maître à jouer Youssef Msakni gravement blessé. Et puis, la marque de fabrique de ses Aigles de Carthage c’est un mental d’acier, une volonté décuplée lorsque l’adversité devient compliquée. A l’image de ce qu’ils ont réalisé contre le Costa Rica (1-0) et surtout face au Portugal (2-2). Menés 2 à 0, ils n’ont jamais reculé ni cédé à la peur. Au contraire, ils ont remonté leur handicap et aurait même l’emporter sans que personne ne trouve à y redire. Ils ont répété le même scénario face à la Turquie (2-2) et surtout ils ne sont pas assez loin de faire tomber l’Espagne (0-1) de son piédestal.Ils ont laissé le ballon à la Roja ils ont été plus dangereux qu’elle en réalité grâce notamment aux flèches nommées Naim Sliti et Anice Badri . Le commentaire élogieux et sincères du sélectionneur de la Belgique, Roberto Martinez, dont l’équipe se trouve dans le même groupe que la Tunisie sonne comme une promesse pour les coéquipiers de Wahbi Khazri.
L’Egypte : Sans Salah, la morne plaine ?
Si l’on ne devait tenir compte que de cette campagne de préparation nous serions autorisés à dire que le Mondial s’annonce compliqué pour les Pharaons. Cette équipe n’a remporté aucun match de préparation et aucune opposition tout court depuis novembre 2017. En se faisant dominer par le Portugal (1-2) et par la Grèce (0-1) au mois de mars, puis en partageant péniblement les points avec le modeste Koweït (1-1) et une bien pâlichonne Ukraine (0-0) et surtout en se faisant gifler par la Belgique (0-3) en mai, on ne peut pas dire que la bande à Hector Cuper débarque en Russe avec le vent dans le dos. Bien sûr, ll y a l’absence de son fer de lance Mohamed Salah blessé depuis la finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid et dont ne sait pas encore s’il va pouvoir disputer, un, deux, trois ou zéro match en Russie. Mais l’absence de Salah ne peut être la seule explication de l’inquiétante baisse de régime des Pharaons. Les choix tactiques frileux du sélectionneur d’origine argentine peuvent être raisonnablement mis en cause également. La chance de l’Egypte est de se trouver logée dans un groupe où seul l’Uruguay semble au dessus de tout le monde. La Russie, même si elle joue à domicile, ne respire pas confiance. L’Arabie Saoudite, pas brillante elle aussi, paraît à la portée des coéquipiers de Omar Gaber.
L’Arabie Saoudite : un bilan très mitigé
Les Saoudiens qui ont changé de sélectionneur à trois reprises depuis leur qualification au Mondial ont souvent été à la peine . L’Argentin Juan Antonio Pizzi a tâtonné, essayé moult solutions et ne semble pas avoir trouvé la formule magique qui transformerait son équipe en redoutable machine de guerre. Et les résultats très inégaux témoignent de ce tâtonnement. S’ils ont battu des équipes telles l’Algérie A‘ (2-0) et la Grèce (2-0), réalisé des prestations honorables face à l’Italie (1-2) et surtout face à l’Allemagne (1-2) en clôture de la préparation, les Faucons Verts ont aussi reçu deux raclées face à la Belgique (0-4) et face au Pérou (0-0). A sa décharge, l’Arabie Saoudite sera sans doute la seule formation parmi les 32 engagées dans le Mondial russe à présenter un groupe formé à 90% de joueurs évoluant dans le championnat domestique. Une authentique rareté par ces temps placés sous le signe de la mondialisation forcenée.
@Fayçal CHEHAT