La 21e édition de la Coupe du monde débute ce jeudi à Moscou, avec en ouverture un inédit Russie – Arabie Saoudite. Quatre nations issues du football arabe tenteront de s’immiscer dans les phases à élimination directe. C’est parti pour un mois de compétition !
Alors que la lourde défaite du Maroc dans la course à l’organisation du Mondial 2026 (65 voix contre 134 à la candidature tripartite nord-américaine) continue d’occuper les réflexions des observateurs et des dirigeants, il est temps désormais de s’intéresser au jeu, aux joueurs et aux stratégies des uns et des autres. Qui succèdera le dimanche 15 juillet à l’Allemagne, sur le podium du plus grand festin international ?
Le football arabe a délégué cette année en Russie quatre formations : trois issues de l’Afrique (Egypte, Maroc, Tunisie) et une venue d’Asie (Arabie Saoudite). Aucune, et ce n’est pas leur faire injure, ne figure parmi les prétendants au sacre, aucune n’est un outsider potentiel en dépit de ses qualités et des individualités qui la compose.
Positionnée dans le groupe A aux côtés du pays hôte, de l’Uruguay et de l’Arabie saoudite, l’Egypte (46e FIFA) s’apprête à disputer sa troisième phase finale, après 1934 et 1990. La formation bâtie par l’Argentin Hector Cuper est vice-championne d’Afrique depuis février 2017 au Gabon. C’est une équipe prudente, peu tournée vers le jeu offensif. Et, depuis la finale de la Ligue des champions, elle espère le retour sur le terrain de sa perle, le meilleur joueur africain et arabe, Mohamed Salah.
Touché à l’épaule gauche lors de la finale, l’attaquant de Liverpool a suivi un protocole médical strict afin de pouvoir disputer le tournoi. Il a enfin repris les entraînements collectifs mais une interrogation subsiste : pourra-t-il débuter contre l’Uruguay, ou entrer en cours de jeu ? Ne vaut-il mieux pas le préserver ?
Les Pharaons ont vécu une phase de préparation perturbée avec des nuls contre le Koweit (1-1) et la Colombie (0-0), et qu’ils ont terminée sur une gifle administrée par la Belgique (3-0). Avec un Salah à 100%, l’Egypte pouvait se projeter sur une qualification en huitièmes et viser la deuxième place du groupe derrière l’Uruguay et devant la Russie. La blessure de son joueur clé a tout chamboulé.
Même l’expérience d’un Essam El-Hadary, qui s’apprête à devenir le plus joueur à être titularisé en phase finale à 45 ans, ne sera pas suffisante pour porter cette génération qui compte quelques talents (Elneny, Trezeguet, Kahraba, Sobhi) au second tour, si Mo Salah voyait sa blessure s’aggraver…
Pour sa cinquième participation (1994, 1998, 2002, 2006 et 2018), l’Arabie Saoudite (67e au classement FIFA) sait depuis le tirage au sort des poules qu’il lui sera bien difficile de sortir du sien. Huitième de finaliste surprises en 1994 aux Etats-Unis, dans un groupe qui comprenait Pays-Bas, Belgique et Maroc, l’Arabie saoudite a fait appel à l’Argentin Juan Antonio Pizzi en novembre dernier. Ce dernier espère bien booster les Faucons, dont les préparatifs se sont terminés sur un regain de forme (défaite 2-1 contre l’Allemagne).
L’équipe, qui s’articule en 4-2-3-1, est limitée sur le plan technique mais est réputée pour sa capacité à vouloir construire le jeu et attaquer. Elle dispose d’un cadre expérimenté avec le vétéran et stoppeur Ossama Hawsawi. Ses espoirs offensifs reposent sur Mohammad Al-Sahlawi, l’attaquant d’Al-Nasr (28 buts en sélection). Notre pronostic : la 4e place, derrière la Russie ou l’Egypte.
La tâche du Maroc (42e FIFA) paraît tout autant compliqué dans un groupe B qui compte les deux derniers champions d’Europe, le Portugal et l’Espagne. L’arrivée d’Hervé Renard sur le banc des Lions de l’Atlas a permis d’accrocher une cinquième participation, après celles de 1970, 1986, 1994 et 1998. Le Maroc n’a franchi qu’une fois la phasez de poule, en 1986 au Mexique, et s’était incliné 1-0 face à l’Allemagne de l’ouest.
La formation qui s’est qualifiée aux dépens notamment de la Côte d’Ivoire s’appuie sur un 4-3-3 ou 3-4-3 très solide défensivement, et rapide en contres. Très techniques, les Marocains ne manquent pas de talent dans chacune de leurs lignes : Munir dans le but, Benatia le capitaine et défenseur central auteur d’une belle saison à la Juventus de Turin, Hakim Ziyech, le dribbleur de l’Ajax Amsterdam au milieu, Amine Harit la pépite de Schalke 04 qui a opté l’an dernier pour « Oussoud al-Atlas », enfin la révélation du CHAN gagné par le Maroc, Ayoub El-Kaabi, meilleur joueur et buteur du tournoi.
Hervé Renard, dont c’est la première participation à un tournoi mondial, surfera sur la bonne préparation de son équipe, vainqueur de la Slovaquie (2-1) et de l’Estonie (3-1) et qui a tenu en échec l’Ukraine (0-0). En mars, elle avait battu Serbie et Ouzbékistan. Pronostic : si les Lions battent vendredi l’Iran, ils sont capables d’aller chercher un point contre le Maroc, voire mieux. Dans ce cas, ils pourraient envisager les huitièmes, ce que nous leur souhaitons.
Placée dans le groupe G, la Tunisie (14e FIFA) est celle parmi les Africains qualifiés et les pays arabes qui nous a fait la meilleure impression ces dernières semaines. Ses nuls contre le Portugal et la Turquie (2-2) et sa courte défaite contre l’Espagne (1-0, but encaissé à la 85e) ont démontré que Nabil Maaloul disposait d’un groupe solide, bien préparé physiquemt, équilibré et doté d’un mental énorme.
La Tunisie revient en Coupe du monde pour la cinquième fois elle aussi après 1978, 19987, 2002 et 2006. Elle n’est jamais sortie des poules. Il lui faudra batailler ferme derrière l’Angleterre et la Belgique pour espérer accrocher une deuxième place compliquée. Elle débute face à l’Angleterre, et terminera contre le Panama, novice en Coupe du monde.
Les Aigles de Carthage évoluent en 4-3-3 avec un milieu de terrain remarquable. On y a découvert Anice Badri, passé par Lille et désormais cadre à l’Espérance de Tunis. La sélection a quelques inquiétudes concernant deux cadres, le latéral gauche Ali Maaloul et surtout Wahbi Khazri, son taulier et leader offensif qui n’a pas participé aux matches de préparation.
Invaincue en éliminatoires africaines, la Tunisie peut-elle être l’équipe surprise de ce groupe ? Tout dépendra de son match d’ouverture contre l’Angleterre. Un nul lui donnerait un supplément de confiance pour affronter la Belgique, considérée comme l’épouvantail de ce groupe. Si elle réussissait l’exploit (un nul) contre les Diables Rouges, elle pourrait alors envisager les huitièmes car le Panama est à sa portée…
Pour le reste, le Sénégal et le Nigeria, en dépit de préparatifs compliqués, paraissent en mesure de jouer pour une qualification en huitièmes, et 2022mag souhaitent à ces représentants africains bonne route en Russie.
Les favoris de ce Mondial 2018 sont connus et identifiés : le Brésil, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, à un degré moindre la France, l’Argentine et le Portugal. Le vainqueur, à coup sûr, se trouve certainement parmi eux. Allez, Russie 2018, c’est parti !
@Samir Farasha