Parmi les représentants du football arabe engagés en Russie, aucun n’a fait aussi bien que l’Algérie en 2014, séduisante huitième de finaliste. Retour en détails sur le parcours des quatre nations présentes. Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite et l’Egypte.
Arabie Saoudite, heureusement « l’Arabico »
26e au classement final, les hommes de l’Argentin Juan Antonio Pizzi se sont totalement plantés collectivement contre la Russie lors du match d’ouverture. Menés 2-0 à la pause, ils n’étaient pas ridicules… jusqu’à ces vingt dernières minutes d’absence totale. Résultat, une lourde défaite 5-0 qui a plombé la suite de leur aventure. Certes, on n’attendait pas grand-chose de cette formation, mais ce premier résultat a conditionné la suite de son séjour. Opposés ensuite à l’Uruguay, les coéquipiers de Mohamed Al-Sahlawy n’ont pas démérité. Le 4-2-3-1 articulé autour du milieu axial Otayf a même gêné les Sud-américains, difficilement vainqueurs 1-0. Le match a mis en exergue le manque de percussion du secteur offensif saoudien, l’une des faiblesses récurrentes de ce groupe.
Il aura donc fallu attendre « l’Arabico », à savoir le troisième et dernier match contre l’Egypte, également éliminée à ce stade de la compétition, pour entrevoir le visage plus entreprenant de cette équipe. Et encore, avec l’aide de l’arbitrage… Une victoire (2-1) pour l’honneur, après avoir été menée au score. Ce sont deux joueurs du Hilal, Salman Al-Faraj sur penalty (45e+6) puis Salem Al-Dawsari (90e+5), qui ont parachevé le succès plutôt mérité, sur le grand rival arabe qu’est l’Egypte.
Parmi les satisfactions, on aura remarqué le talent du latéral gauche Yasser Al-Shahrani (Hilal, 26 ans), aux qualités d’ailier. On a également apprécié par intermittences les fulgurances de Al-Mogahwi (Ahly) au milieu, le travail d’Abdullah Otayf (Hilal) qui régule le rythme de son équipe dans l’entrejeu.
Parmi les déceptions, Abdullah Al Muaiouf (Al-Nassr), le gardien de but aligné contre la Russie d’entrée, qui n’était pas au niveau, remplacé par la suite par Al Owais, plus jeune et plus tonique. Autre grosse déception, Fahad Al-Muwallad (Ittihad) annoncé comme la star du pays, et qui a raté un penalty face à EL-Hadary (EGY).
Même si les Saoudiens ont remporté un match (à la surprise générale), ils sont apparus comme l’une des formations les plus faibles collectivement dans ce tournoi. Jamais en mesure de contrôler leur destin, ils ont paru constamment en-deça sur le plan athlétique, tantôt naïfs dans le jeu, tantôt trop mous pour espérer contrarier des équipes qui prennent le jeu à leur compte.
Egypte, zéro pointé
31e au classement final, les Pharaons auront toujours l’argument (facile) de rappeler qu’ils ont dû se préparer sans Mohamed Salah, leur maître à jouer blessé trois semaines avant le début de la Coupe du monde. C’est vrai. Mais il est tout aussi vrai que Hector Cuper, le désormais ex-sélectionneur de l’Egypte, n’a jamais préparé un plan B sur le plan tactique, se contentant d’user jusqu’à la corde son système (4-2-3-1) reposant sur une extrême rigueur défensive d’un côté, et les exploits de Salah de l’autre.
D’entrée contre l’Uruguay, l’Argentin a préféré se priver de Salah (pour le préserver) tout en cherchant un nul à tout prix. Bousculés mais solides, il n’aura manqué aux Pharaons qu’une minute puisqu’ils ont encaissé le seul but du match à la 89e et sur corner. Une double faiblesse récurrente là encore, comme on s’en était aperçus lors des matches de préparation depuis mars.
Sans imagination sur le plan offensif, l’Egypte n’a pas eu le choix après cette défaite inaugurale : Salah, même s’il n’avait pas totalement récupéré, a été aligné. Le match contre la Russie (1-3) a confirmé les difficultés défensives et l’incapacité de freiner des attaques rapides, comme on l’avait noté contre la Belgique en amical.
Salah a bien marqué (sur penalty) et les Pharaons ont eu un petit quart d’heure de réaction alors qu’ils couraient après le score mais c’était trop peu pour espérer inquiéter des Russes trop supérieurs sur le plan physique. Eliminés dès le deuxième match, alors qu’à l’origine, on fondait beaucoup d’espoirs sur leur match contre les Russes pour arracher un nul, ils étaient par conséquent éliminés dès la 2e journée.
Leur dernière sortie, on l’a vu, contre l’Arabie Saoudite, s’est soldée par une troisième défaite consécutive. Battus 2-1, ils avaient ouvert la marque sur une superbe action de Salah, seul buteur pharaon en Russie.
Cuper, qui avait confié le poste de gardien titulaire depuis deux matches à l’excellent Mohamed Al-Shenawi (Ahly) a fait un geste en alignant le vétéran El-Hadary (45 ans), lequel n’a pas démérité puisqu’il a stoppé un penalty saoudien. Mais il a encaissé deux buts (un autre penalty) aux deux extrémités de chaque mi-temps.
L’Egypte a déçu, collectivement d’abord. Où est passée l’équipe si rigoureuse d’ordinaire sur le plan défensif ? Elle a déçu tactiquement, et la responsabilité de Cuper est clairement établie, en ne proposant rien d’innovant à un moment où il aurait fallu changer de système.
Sur le plan des joueurs, El-Shennawy n’a pas démérité dans le but. Trezeguet, dans son couloir, a fait ce qu’il pouvait mais a paru souvent isolé et obligé de porter trop le ballon. Salah, lorsqu’il est entré, a lui aussi tout tenté mais mal soutenu, il était impossible pour lui de gagner seul un match. Au chapitre des déceptions, le quatuor défensif, de Fathy à l’axe Gabr-Hegazy, a été constamment hors sujet. Devant, l’excentré Amr Warda n’a pas démontré qu’il avait l’étoffe d’un titulaire. Trop brouillon et peu décisif dans ses duels. L’Egypte a tiré 29 fois au but pour 5 tirs cadrés. Difficile de s’imposer avec un ratio aussi faible…
@Samir Farasha
A suivre : le bilan de la Tunisie et du Maroc