Parmi les représentants du football arabe engagés dans le Mondial 2018, aucun n’a fait aussi bien que l’Algérie en 2014, séduisante huitième de finaliste. Retour en détails sur le parcours des quatre nations présentes. Après l’Arabie Saoudite et l’Egypte, dans ce numéro nous évoquons les performances du Maroc et de la Tunisie.
Maroc, si loin si proche…
27e au classement final, les Lions de l’Atlas savaient avant le début de la compétition que leur parcours dépendait beaucoup de leur capacité à remporter une victoire d’entrée contre l’Iran. Battus dans le temps additionnel sur un coup franc propulsé dans son propre but par le remplaçant Bouhaddouz (0-1), les joueurs d’Hervé Renard avaient grillé leur plus gros joker.
A Moscou contre le Portugal (0-1), ils ont encaissé un but sur corner entâché d’une faute non sifflée par l’arbitre. Ils ont certes bousculé le champion d’Europe dans le jeu mais sans jamais parvenir à tromper la vigilance de Rui Patricio. Confirmant au passage leur souci d’efficacité offensive maintes fois souligné ici sur 2022mag.
Eliminés après la deuxième rencontre, ils n’ont pas perdu la motivation et ont livré un match épique contre l’Espagne (2-2) qu’ils ont menée deux fois au score, grâce à Boutaïb et En-Nesyri sur corner.
Le Maroc n’a pas failli défensivement, il a péché offensivement, en particulier contre l’Iran, adversaire ô combien solide. Le Maroc a frappé 35 fois au but, pour dix tentatives cadrées. Il a autant séduit dans le jeu que déçu dans le résultat. Là encore, l’adversité était a priori très supérieure et ses chances de franchir le 1er tour, très minces, mais il n’a pas démérité. Des éléments tels qu’Amrabat, dans le couloir droit, Ziyech dans l’animation ou encore Hakimi à gauche étaient à la hauteur de l’évènement.
Le bilan sec (2 défaites, un nul) n’est pas élogieux à première vue mais les prestations, elles, ont plu. Comment ne pas voir dans ce Maroc un candidat sérieux à la succession du Cameroun dans un an à la CAN ? On y croit pour lui.
Sera-ce avec Renard sur le banc ? Le très convoité sélectionneur est toujours lié par un contrat mais son nom est murmuré de l’Egypte à l’Algérie en passant par le Japon et le Qatar , preuve que le technicien français ne laisse pas indifférent par la qualité de son travail, son investissement et ses résultats…
Tunisie, le Waterloo belge
24e au classement final, les Aigles de Carthage n’étaient eux non plus, pas forcément promis à un long périple en Russie. Ils sortent avec trois points, soit un de moins que le Nigeria et le Sénégal, les deux meilleurs africains, pourtant éliminés au 1er tour.
La Tunisie de Nabil Maaloul était pourtant de celles qui, lors des matches de préparation, nous avait le plus séduit dans son expression collective et surtout offensive, face à la Turquie et au Portugal. Et puis, le match contre l’Espagne (0-1) aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : retour à la rigueur et à une expression offensive limitée.
Dès lors, contre l’Angleterre (1-2), elle ne pouvait pas espérer s’en tirer. Elle a marqué sur penalty (Sassi) sur sa seule frappe cadrée du match. C‘était bien trop peu même si il ne lui a manqué que quelques secondes pour faire un nul face à Harry Kane et consorts, puisque le capitaine anglais a marqué sur une rare erreur de marquage… dans le temps additionnel.
La Tunisie a pourtant pu s’appuyer sur son seul leader, Wahbi Khazri, de retour d’une blessure qui le tenait éloigné des terrains depuis avril. L’ancien joueur de Rennes a été lancé sans avoir disputé la moindre minute des matches de préparation. Convalescent contre les Anglais, plus en jambes contre la Belgique.
Malheureusement, toute la rigueur défensive des Tunisiens avait disparu ce jour-là (2-5) et on n’a pas le souvenir, au cours des 25 dernières années, d’un revers aussi cinglant. Khazri a bien marqué dans le temps additionnel, mais l’écart était trop important sur le plan du jeu.
Finalement, il aura fallu attendre le match des éliminés contre le Panama pour retrouver la Tunisie éternelle. Victoire 2-1 étriquée, mais prestation intéressante du bloc offensif avec encore Khazri à la baguette.
Autres satisfactions, le comportement de Ferjani Sassi dans l’entrejeu, le boulot défensif (et offensif) de Fakhreddine Ben Youssef, alias « Erouge », le rouquin buteur contre Panama, l’entrée remarquée d’Oussama Haddadi dans le couloir gauche, qui aurait mérité d’être titulaire en lieu et place d’Ali Maaloul, l’une des déceptions majeures du camp tunisien.
La Tunisie compte une victoire pour deux revers, mais aussi cinq buts marqués, meilleur total arabe et africain, il convient de le rappeler. Mais aussi huit buts encaissés. Elle a tiré 36 fois au but, dont 13 cadrés, meilleur pourcentage arabe et africain.
Finalement, ce sont ses largesses défensives qui lui ont coûté le plus cher contre les diables rouges belges. La Tunisie, qui courait depuis 1978 après sa première victoire en phase finale de Coupe du monde, a fini par mettre fin à quarante années d’attente. Pour imiter Maroc et Algérie qui ont franchi par le passé le cap du 1er tour, il faudra encore patienter quelques années…
@Samir Farasha
L’équipe type des Arabes de 2022mag
El Shenawy (EGY) – N. Amrabat (MAR), Da Costa (MAR), Meriah (TUN), El Shahrani (ARS) – El-Ahmadi (MAR), Sassi (TUN) – F. Ben Youssef (TUN), Belhanda (MAR), Salah (EGY) – Khazri (TUN).
Remplaçants : Al-Owais (ARS), Bronn (TUN), T. Ahmed (EGY), Trezeguet (EGY), Boutaïb (MAR).