Vingt ans après, la France a remporté sa deuxième Coupe du monde et accroché une deuxième étoile sur son maillot bleu. Les protégés de Didier Deschamps ont battu dans une grande douleur, en dépit de la largesse du score (4-2),une très belle équipe de Croatie.Le réalisme pur et dur l’a emporté sur le beau jeu. Mais sur l’ensemble de la compétition, la France a mérité son titre.
Il faut reconnaître que les Bleus ont eu du mal à entrer dans cette finale et ont d’emblée laissé le ballon aux surdoués techniques croates mais sans ce que ces deniers se créent de véritables occasions et mettent vraiment en danger Hugo Lloris. Et comme souvent depuis le début de cette Coupe du monde, les Tricolores arrivent à porter le coup de poignard fatal à leurs adversaires. Et une fois encore, c’est sur une balle arrêtée, un coup franc magnifiquement tiré par Antoine Griezmann et prolongé (ou pas ) d’un cheveu dans son propre but par le grand attaquant des Balkans Mario Mandzukic (18′). Bizzarement, cette ouverture du score ne libère pas la bande à Paul Pogba. Les Français sont toujours bien en place dans leurs trente derniers mètres mais incapables de se trouver en contres et à assurer trois ou quatre passes consécutives. C’est clair, cette équipe de France est moins sereine que celle qui avait battu l’Uruguay (2-0) en quart de finale et la Belgique (2-1) en demi-finale .
Certainement le poids de l’enjeu pour la deuxième formation championne du monde la plus jeune de l’histoire de la compétition. A force d’attaquer avec patience, méthode et brillance, la Croatie a fini par égaliser sur un tir magique du Milanais Peresic (28′), conséquence de quatre duels défensifs perdus par les vice-champions d’Europe en titre. Puis, après quelques minutes de flottement de part et d’autre, on assista à un premier tournant du match. Sur un corner bien tiré par Griezmann, l’attaquant Peresic sort le ballon d’un geste de la main presque imperceptible que l’utilisation de la vidéo va transformer en penalty pour la France. Que Griezmann, encore lui, inscrira en prenant à contre pied le gardien Subasic. Sans le mériter vraiment, la France rentre aux vestiaires avec un petit avantage.
La deuxième période repart dans le même état d’esprit. Une Croatie à l’attaque et une France qui défend un peu mieux mais qui défend encore et toujours en se contentant de quelques contres notamment par l’intenable Kylian Mbapée. La tension est palpable. A l’heure de jeu, la seule bonne question est : les coéquipiers de l’inlasable Blaise Matuidi vont-ils conserver leur maigre avance jusqu’au bout des 90 minutes ? Preuve s’il en fallait de l’usure française, le métronome NGolo Kante, déjà sous le coup d’un avertissement, est remplacé par le Sévillan Steven Nzonzi quelques minutes après la pause.
Puis le match s’emballa, et les Croates, qui avait tant donné dans ce Mondial, après trois qualifications arrachées à la suite d’une prolongation, ont fini par craquer. Bien lancé sur la droite Mbappé (59′) centre en retrait vers Griezmann qui temporise avant de servir Pogba à l’entrée de la surface. Le joueur de Manchester United s’y prend à deux fois pour tromper Subasic d’une frappe sèche. A 3-1, la France respire. Avant de se libérer à la suite d’un raid du latéral Hernandez qui résiste à deux défenseurs en les fixant côté gauche avant de trouver Mbappé (65′) dans l’axe des 20 mètres. Le prodige du Paris SG contrôle et décoche alors une frappe magnifique du pied droit qui vient se loger dans le petit filet de Subasic.
Mais même avec trois buts d’avance à 25 minutes de la fin, le match restera tendu et prenant. Surtout après la bourde monumentale du gardien tricolore Hugo Lloris coupable d’un crochet malvenu dans ses 6 mètres 50 que Mandzucic transforme en un inespéré deuxième but croate. Le dernier quart d’heure est fou fou fou avec trois balles de 5-2 pour la France devant un adversaire qui est allé au bout de ses forces. Ce fut une finale avec six buts et énormément d’incertitude mais in fine c’est l’équipe la plus cohérente depuis le début de la compétition qui a été sacrée. La victoire française a été une victoire à l’Italienne. Comme un hommage aux Transalpins absents de Russie.
@Cheikh Mabele