Larmes de bonheur, larmes de souffrance aussi, pour les Lions de l’Atlas mardi soir au stade d’Education City de Doha, après la qualification obtenue de haute lutte aux dépens de l’Espagne, à l’issue de 120 minutes de jeu stériles (0-0) suivies d’une éprouvante séance de tirs au but.
Une qualification historique pour les quarts de finale, la meilleure performance restant le huitième atteint en 1986 au Mexique, et perdu (1-0) face à l’Allemagne de l’ouest.
Le Maroc reste donc la dernière équipe africaine et arabe en lice dans le top 8 mondial grâce à ce résultat exceptionnel.
C’était le quatrième match officiel entre la Roja et les Lions de l’Atlas, qui se sont affrontés pour la dernière fois lors de la 3e journée des poules lors de la CDM 2018 en Russie (2-2). Et les Espagnols avaient la faveur des pronostics, quand bien même ils avaient terminé deuxièmes de leur groupe…
Le match avait la valeur d’un derby entre Marocains et Espagnols puisque beaucoup de Lions de l’Atlas sont passés ou évoluent toujours en Espagne : Bounou (Séville), Hakimi (ex-Real Madrid), En-Nesyri (Séville, ex-Malaga), Boufal (ex-Celta Vigo).
Idem chez les remplaçants Munir, Abde Ezze formé au Barça, El Yamiq (Valladolid) et bien sûr le sélectionneur Walid Regragui, qui a porté les couleurs du Racing Santander (2004-2006).
Comme on s’y attendait, le match a tourné à l’opposition entre une Espagne qui a confisqué la possession du ballon d’une part, et un Maroc bien décidé à ne lui offrir aucun espace pour frapper d’autre part.
La première période fut relativement équilibrée, la meilleure action de la Roja se terminant sur une frappe sur la barre de Gavi, mais en position de hors-jeu (25e).
Le Maroc s’est offert lui aussi une opportunité par le remuant Boufal, très actif dans son couloir gauche, qui déposait le ballon sur la tête d’Aguerd. Seul, ce dernier ne parvenait pas à cadrer, inexplicablement (42e).
Le premier corner de la Roja intervenait à la… 45e minute, alors que la possession tournait autour de 70%. Mais le Maroc avait tissé sa toile, et ratissait les ballons par l’exceptionnel Sofyan Amrabat.
Il fallait attendre la 54e minute pour que l’Espagne se procure sa première frappe cadrée, boxée par Bounou.
A mesure que le temps passait, le jeu espagnol, particulièrement stéréotypé, échouait systématiquement sur l’axe défensif Saïss-Aguerd… jusqu’à la blessure de ce dernier, remplacé par El-Yamiq (84e).
Au bout du temps additionnel, Dani Olmo se procurait une nouvelle opportunité côté gauche que Bounou repoussait in extremis (90e+5).
Place donc à la prolongation, dominée par l’Espagne. Le Maroc se crée pourtant une action en or avec Ounahi qui lance « l’Italien » Cheddira dans la surface, mais ce dernier bute sur Unai Simon (104e).
Lors de la seconde partie de la prolongation, l’Espagne s’essouffle, notamment par ses entrants Alvaro Morata, Ansu Fati ou encore Nico Williams.
A la 120e, l’Espagne croit pourtant s’imposer lorsque Sarabia, à droite, frappe au but… mais le ballon est repoussé par le poteau. Il faut donc en passer par la loterie des tirs au but.
Mais le Maroc a mieux préparé son affaire. Sabiri, Ziyech et Hakimi transforment leurs tirs. Sarabia voit le poteau repousser sa tentative.
Soler et Busquets en revanche sont mis en échec par Bounou, qui réalise deux parades de classe. Seul Badr Benoun (entré en jeu dans les derniers instants) échoue côté marocain, sa frappe étant repoussée par Simon.
Le Maroc s’impose 3-0 dans une liesse digne des finales continentales disputées par le Raja ou le Wydad. Le stade est marocain et bascule dans une fête improvisée. Regragui est en larmes, ses joueurs et l’encadrement aussi. La soirée promet d’être belle.
Les Lions de l’Atlas affronteront samedi le Portugal pour un quart de finale aux allures de revanche puisque les coéquipiers de CR7 avaient battu le Maroc (1-0) au 1er tour de 2018…
@Frank Simon
Les équipes :
Maroc : Bounou – Hakimi, Aguerd (El-Yamiq), Saïss, Mazraoui (Attiat Allah) – Amallah (Sabiri), S. Amrabat, Ounahi (Benoun) – Ziyech, En-Nesyri (Cheddira), Boufal (Ezze). Entr.: Regragui.
Espagne : Simon – Llorente, Rodrigo, Laporte, Jordi Alba – Gavi, Busquets, Pedri – Ferran Torres, Asensio, Olmo. Entr.: Luis Enrique.