En dehors d’une finale France-Argentine spectaculaire, de la démonstration des Lions de l’Atlas, des arabesques et de l’efficacité de Lionel Messi et Kylian Mbappé, Qatar 2022, tout un symbole, a permis à la FIFA de désigner une femme comme arbitre d’un match décisif de la phase de groupes.En l’occurence, Allemagne -Costa Rica . Et c’est donc à la Française Stéphanie Frappart que revint cette première historique.La native de de Plessis Bouchard (Val d’Oise) ne fait d’ailleurs que pousuivre son oeuvre de défricheuse de nouveaux espaces et de première de cordée.Car depuis qu’elle a embrassé ce métier, elle n’a eu de cesse d’être la première à ouvrir, les unes après les autres, les portes qui mènent à l’égalité hommes femmes dans ce sport universel mais si lourdement misogyne, il y a à peine vingt ans.
La collectionneuse des grandes premières
En effet, Frappart est la dame des premières par excellence. Quatrième arbitre lors de deux matches de Coupe du monde quelque jours plus tôt, elle a été désignée le 2 décembre comme arbitre principale du match Costa Rica – Allemagne comptant pour la troisième journée du groupe E. Dans ce match historique, elle était accompagnée par un duo de juges femmes en l’occurrence la Brésilienne Neuza Back et la Mexicaine Karen Diaz.Cette expérience est dans continuité de son ascension fulgurante commencée il y a une décennie. Elle a été en France la première femme arbitre centrale d’un match de Ligue 2 (2014), puis d’un match de Ligue 1 (2019).Puis celle d’une finale de Supercoupe de l’UEFA (Chelsea-Liverpool en 2019), d’une rencontre internationale en compétition officielle masculine (Malte-Lettonie en Ligue des Nations, en septembre 2020).Stéphanie Frappart
» Je ne suis pas la porte parole du féminisme »
Quelques jours avant le coup d’envoi du Mondial, Stéphanie Frappart mettait les choses au point sur les rôles que certains voudraient la voir endosser :« Je ne suis pas la porte-parole du féminisme. Je ne veux pas qu’on me stigmatise par rapport à un genre mais par rapport à ce que je fais sur le terrain ».Et à l’heure ou l’idée de boycott de l’événement organisé dans l’Émirat gazier était à la mode chez certains en Europe et en Amérique, elle a préféré voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide :« Je ne m’étais pas mis comme objectif primordial d’être à la Coupe du monde. Ça a été une surprise et je suis très honorée d’y participer ».Le verre à moitié plein ? « J’ai toujours été bien été accueillie à Doha et je trouve que c’est un signe fort de la part de la FIFA de mettre des femmes arbitres dans ce pays-là. On dit que le sport n’est pas politisé, mais je sais qu’on joue un rôle. Si notre présence peut faire avancer les choses, c’est très bien« .Ce soir-là, tout le monde a pu apprécier le sans faute et la superbe maîtrise dont elle a fait preuve Frappart dans un match musclé et fou fou fou entre Allemands et Costariciens.Un match viril, mais gardé dans les limites du fair play par une femme qui n’a pas été obligée de hausser le ton pour se faire respecter.Bien sûr, d’aucuns auraient aimé voir la FIFA faire un grand pas supplémentaire en désignant la Française maîtresse d’un match du dernier carré voire même de la finale mondiale.Cela aurait été un signe supplémentaire extraordinaire pour clôturer l’année 2022. Mais peut-être que cela deviendra possible en 2026, lorsque le Mondial se disputera dans deux pays, Etats-Unis et Canada, où le football féminin est roi depuis des lustres.@Fayçal CHEHAT
Concepteur et fondateur de 2022mag en 2014, ce journaliste chevronné, également auteur d’ouvrages, couvre le football depuis plusieurs décennies, pour de nombreux supports, de La Lettre du Sport Africain à Foot Africa en passant par la BBC Afrique. Passionné par l’Algérie, il promène son regard sur le football arabe, du Qatar à la Mauritanie en passant par le Maroc. Il est le rédacteur en chef de 2022 depuis son lancement.