Au départ de la course à l’organisation du Mondial 2034, ils étaient quatre pays : en l’occurence, le Japon, l’Australie, l’Indonésie et l’Arabie saoudite à avoir annoncé leur intention de poser leur candidature dont la date limite du dépôt des dossiers avait été fixée au 31 octobre par Fédération internationale de football (FIFA).
Mais le suspens, si jamais il y en eut vraiment, ne dura pas longtemps. La Fédération saoudienne de football (SAFF) fut la première à se manifester concrètement. En envoyant dès la 5 octobre à l’institution faîtière du football mondial une lettre d’intention cautionnée par gouvernement de Ryadh où il est écrit en préambule que » c est une première historique qui reflète les objectifs du pays de débloquer de nouvelles opportunités de football à tous les niveaux et son engagement à soutenir la croissance de la discipline aux quatre coins du monde. ».
Cet opportunisme de bon aloi va se montrer payant. En effet, dans la foulée, la Confédération asiatique de football (AFC) s’est rangée derrière le géant mondial du pétrole en appelant tous ses membres (54) a en faire de même.
Conscients sans doute du retard pris sur la détermination affichée par Ryadh les autres candidats présumés ne tadèrent à pas à reculer puis à se désister.Le Japon, d’abord, a annoncé qu’il avait bien un projet, mais pas pour avant 2050. Puis ce fut autour de l’Indonésie de déposer les armes. Elle qui avait l’ambition de se joindre à l‘Australie pour un dossier commun, a finit par se ranger très vite derrière la candidature saoudienne. Il ne restait plus que l’Australie. Le représentant de l’Océanie ne tarda pas à baisser pavillon en comprenant que les dés étaient pipés.
Soutenue par l’AFC et par une grande partie des fédérations africaines, dont nombreuses s’étaient laissés séduire par des accords développement généreux signés ces dernières années avec ce pays candidat, et assurée du soutien du président de la fIFA, Gianni Infantino, dont la proximité avec le prince héritier Mohamed bin Salman est de notoriété publique, la victoire du dossier saoudien est devenu inéluctable. Aujourd’hui, personne ne peut raisonnablement imaginer sa non ratification par le congrès spécial de la FIFA attendu en 2024.
En vérité, c’est surtout en Europe que l’issue annoncée fait grincer des dents. Les grandes nations du football occidental, Angleterre, Allemagne, ‘Espagne, Italie et France seront-elles tentées de refaire la même croisade que celle qu’elles avaient mené contre le Qatar en 2022 ?
Elles auront sans doute des difficultés à brandir le chiffon de la corruption, comme elles l’avaient fait pour le Qatar, même si l’Arabie saoudite a su jouer de son influence grandissante sur d’autres continents pour rendre son projet crédible, juste et indispensable.
Par ailleurs, les réfractaires à l’ambition dévorante saoudienne disent craindre de subir les effets indésirables d’un Mondial 2034 organisé au coeur de l’hiver pour leurs propres compétitions. Même si les Saoudiens n’excluent pas la possibilité de le faire disputer en été.
Mais cette fois, cette opposition ne pourra pas user des arguments de l’absence de tradition, de passion et de compétitivité du football en Arabie saoudite. Comme elle l’a fait avec le Qatar.
Il faut dire que Riyadh n’a pas eu la mauvaise idée de placer la charrue devant les boeufs. Ses investissements en matière d’infrastructures ont été entamés depuis,quelques années déjà et le pays s’apprête à passer à la vitesse supérieure dans le cadre de son projet 2030.
Et comment oublier le coup d’accélérateur incroyable donné à son championnat d’élite. Les clubs de la Roshn Saudi League se sont puissamment renforcés en allant chercher au prix fort les stars de la Liga, de la Premier League, de la Serie A et de la Ligue 1 française.
Résultat : désormais les images du championnat saoudien sont vues partout dans le monde. Enfin, l’Arabie saoudite, qui a mis la main sur Newcastle, un des clubs les plus populaires de Londres, a désormais des partisans au coeur même de la galaxie européenne.
Comme le montrent les réactions suivantes de voix anglaises à la perspective d’un Mondial en Arabie saoudite. Celle de Steven Gerrard, icône de Liverpool et désormais entaîneur d’Al-Nassr : « Ce n’est pas confirmé à 100 % pour le moment, mais il est extrêmement heureux que l’Australie se soit retirée. Cela donne une meilleure chance à l’Arabie saoudite et me rend extrêmement heureux Je pense que ce sera un spectacle incroyable s’il est finalisé et accepte.Je suis sûr que tout le monde conviendra que c’est quelque chose à espérer« .
En écho, Eddie Howe, le coach de Newcastle, dont le club avait effectué un stage en début d’année au royaume des Saoud, va dans le même sens : « Nos voyages à Riyad et à Djeddah ont vraiment été deux expériences différentes. Partout où nous allions, c’était bien organisé, on s’occupait bien de nous. Si c’est un signe de ce à quoi pourrait ressembler une Coupe du Monde, structurellement, elle sera vraiment bonne« .Dossier à suivre.
@Fayçal CHEHAT