A quelques heures du match retour de Coupe Arabe des clubs, le président du Tevragh Zeina, champion sortant de Mauritanie, a accepté d’évoquer son club et ses responsabilités en tant que représentant du pays sur le plan africain et arabe. Une exclusivité 2022mag.
« Président Ould Khaïry, salam…
Bonjour ! Je suis désolé de ne pas avoir pu répondre plus tôt à votre demande. Mais, comme vous le savez, la Fédération mauritanienne (FFRIM) dont je suis le premier vice-président, recevait la visite officielle du président de la FIFA, M. Gianni Infantino !
Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Je suis Moussa Ould Khairy, né en 1965, opticien de profession, 1er vice-président de la FFRIM et président de la ligue régionale de Nouakchott Ouest, qui compte quelques clubs.
Expliquez-nous pourquoi votre club, bien que champion sortant du pays, ne participe pas cette année au tour préliminaire de la Ligue des champions d’Afrique ?
Vous n’êtes pas sans ignorer que les clubs du pays de D1 ne roulent pas sur l’or, et nous n’y échappons pas. Les moyens sont très modestes, ce qui ne nous empêche pas d’avoir des ambitions et de la volonté de travailler. Malgré ces moyens réduits. De fait, on ne peut pas se battre sur plusieurs fronts. Vous savez que la CAF engendre des dépenses lourdes pour un club tel que le nôtre, ce qui pose problème. La Coupe Arabe des clubs, c’est autre chose.
En quoi cette compétition dépendante de l’UAFA (Union arabe de Football) à laquelle vous prenez part cette année, est plus intéressante pour Tevragh Zeina ?
Elle est prise en charge en partie ou en totalité, qu’il s’agisse des billets d’avion et de l’hébergement. Ces postes sont couverts par les sponsors de l’épreuve. C’est donc plus facile pour nous de la disputer puisqu’elle entraîne peu de charges. Le club en supporte quelques-unes, mais presque marginales par rapport au reste. Voilà ce qui a motivé notre choix d’y prendre part.
Vous vous êtes inclinés (1-0) il y a quelques jours à Nouakchott, lors du 2e tour aller, face aux Soudanais d’El-Merreikh, entraînés par le Français Diego Garzitto. Pensez-vous un retournement de situation possible samedi à Khartoum ?
On a certes perdu mais sur le fil du rasoir. Nous avons pratiquement dominé de bout en bout. On a raté un penalty dans les arrêts de jeu. Le résultat ne reflète pas au bout du compte la réalité de ce match. Cela me laisse penser qu’au retour, Tevragh Zeina est capable d’aller chercher la qualification en terre soudanaise. Il faut essayer d’aller gagner (1-0) ou (2-0), voire d’envisager une qualification aux tirs au but. Tout reste possible en football ! Tant que ce n’est pas fini, on peut toujours espérer. Il reste 90 minutes. Cette équipe est prenable.
Comment expliquez-vous que les clubs mauritaniens ne brillent pas en compétitions continentales ?
C’est très simple : les clubs mauritaniens sont désargentés dans leur écrasante majorité. Ils ne peuvent se payer le luxe de participer à des compétitions exigeantes financièrement. Jouer les coupes d’Afrique, c’est une affaire de gros sous ! Mais si vous jetez un coup d’œil au classement FIFA de la Mauritanie par rapport au Soudan, vous vous apercevrez que l’on se porte très bien ! Le représentant du Soudan, El-Merreikh, a ainsi dû jouer un match de barrage avant ce tour contre nous. C’est un indicateur. Le foot mauritanien est sur une dynamique de progression et s’il plait à Dieu, vous verrez prochainement les effets du travail de la FFRIM, en bien.
Tevragh Zeina compte quelques étrangers en son sein, ce qui confirme une certaine ambition…
Un club de D1 a toujours besoin d’apports dans certains compartiments du jeu. Si ces apports n’existent pas localement, on est amenés à les chercher ailleurs. Ce qui explique le recrutement d’un avant-centre qui venait du Brésil, en D2, Nixon Vidal. C’est un très bon joueur. On a recruté un Sénégalais, l’attaquant phare du Ndiambour de Louga. Enfin, un jeune malien de Kidal, qui jouait au Djoliba de BNamako, mais n’a pas eu la chance d’évoluer au pays. C’est ce jeune homme qui a provoqué le penalty contre El-Merreikh, malheureusement raté.
Vous recrutez intelligent, en quelque sorte…
Quand on porte un choix sur un poste donné et qu’on fait venir des joueurs de l’extérieur, c’est parce qu’on ne trouve pas ce profil ici. Concernant Vidal, on a des contacts au Brésil. Une personnalité brésilienne de nos contacts a fait ses études là-bas et il était correspondant d’une chaîne. Il a ses entrées au Brésil ce qui a permis ce transfert. Et Vidal nous apporte beaucoup.
Vous faites confiance à Birama Gaye sur le banc de Tevragh Zeina. Expliquez-nous pourquoi il est l’homme de la situation…
Il a une longue histoire avec notre club, qui a été créé en 2005. On est entré en D1 en 2008. En 2009, on a approché Birama qui est resté avec nous quatre saisons. Le club a tout remporté localement avec lui. Il est parti entre 2013 et 2015. On a quand même remporté le titre en 2015 sans lui. Il est revenu la saison passée, et on a tout gagné : le championnat, la Coupe nationale, la Supercoupe et la Coupe de la Ligue. C’est rare de réussir cette performance-là dans la vie d’un club. Tevragh Zeina survole la scène nationale depuis trois ans.
Quelles sont les réalités économiques de votre championnat ?
Le championnat mauritanien n’est pas riche, le sponsosring est mal compris ici. Rares sont les sociétés qui recherchent la visibilité à travers le football. Notre club bénéficie d’une subvention de la mairie de Tevragh Zeina, il est le club de la commune. Cette subvention couvre des salaires modestes, les déplacements. Avec ça, on a aussi le président, moi-même, qui apporte un peu à travers du mécénat, sa contribution. »
Propos recueillis par @Samir Farasha