Avec l’arrivée du Brésilien Neymar, le Paris SG et la Ligue 1 française s’apprête à changer de dimension, un an seulement après le départ d’un autre Monstre du football international, le turbulent Zlatan Ibrahimovic.
Depuis plusieurs semaines, il s’est invité 24 heures sur 24 à la table de tous les Français. Qu’ils soient passionnés ou non de football, son nom est certainement celui qui est le plus présent dans les gazettes, à la télévision et surtout, sur les réseaux sociaux. Un flot ininterrompu mêlant images, rumeurs et papiers partagés. L’arrivée à Paris de Neymar fait l’objet d’un récit feuilleton, minute par minute, qui dépasse l’entendement. Nul ne pouvai plus ignorer que le jeune Brésilien a fait ses adieux au vestiaire barcelonais et qu’il est attendu à Paris, en France, pour une signature qui aura défrayé la chronique.
Ce n’est pas tant le montant du transfert, plus de 220 millions d’euros, qui aura occupé l’avant-scène des derniers jours. Mais bien le montage compliqué opéré par le Qatar et QSI afin de valider son recrutement pour être dans les clous vis-à-vis du fair play financier. Le gendarme économique du football européen veille, et a l’œil à tout. L’Espagne, via la ligue professionnelle, n’a pas le pouvoir de faire capoter cette arrivée mais elle s’est jurée de riposter pour, qui sait, voir le PSG être sanctionné par l’UEFA. C’est le discours offensif et teinté d’amertume développé par Javier Tebas, le président de la Ligue pro ibérique, dans les colonnes du quotidien sportif français L’Equipe (édition du 3 aout).
Paris et le Brésil, un amour infini
Avec l’arrivée de Neymar, membre le plus jeune et le plus déroutant de la fameuse MSN du FC Barcelone, le PSG va panser sans difficulté la blessure née de la claque (6-1) subie en Ligue des champions au Camp Nou il y a moins de cinq mois. Personne n’a oublié la « remontada » catalane. Mais le fait d’arracher aux Blaugrana celui qui justement avait été le principal dynamiteur de la défense parisienne est bien plus qu’un symbole. Le PSG contre-attaque, le PSG montre les dents. Son ambition de remporter la Ligue des champions apparaît plus que jamais envisageable avec dans ses rangs des cadors de la trempe de Dani Alves, première rampe de lancement arrachée à la Juventus, et désormais Neymar, immense talent révélé au football international alors qu’il n’était encore qu’un adolescent, en 2009, du côté du Santos. Une Maison qui a révélé en son temps le maître Pelé, mais aussi d’autres joueurs comme Robinho et Ganso.
Le PSG, depuis l’arrivée en 1971 de son premier champion du monde brésilien, l’éphémère défenseur Joël Camargo (coéquipier de Pelé en 1970) qui ne sera resté que deux mois, n’a cessé de s’alimenter au vivier inépuisable du football brésilien. Avec l’arrivée de Dani Alves, qui a précédé de quelques semaines Neymar, le PSG affiche désormais plus de trente « auriverde », dont une très grande majorité d’internationaux U20 et A. L’histoire du club de la capitale française est jalonnée des exploits de ces joueurs adorés et adulés par le public du Parc des Princes. Tout a commencé véritablement avec l’ère Canal + en 1991. Dans les malles de la chaîne câblée, débarquent Geraldao, mais surtout Ricardo et le fabuleux Valdo. Deux ans plus tard, la venue de Raï, capitaine de la Seleçao et futur champion du monde 1994, va encore faire grandir le club français. Au début des années 2000, un autre phénomène pose ses valises dans la capitale, le jeune Ronaldinho, appelé à devenir Ballon d’or quelques années plus tard.
Dépoussiérer la Ligue 1
Les époques ont eu beau changer, du temps du président Francis Borelli à l’ère QSI, en passant par Canal + et Colony Capital, le PSG est resté fidèle à sa tradition brésilienne, qu’il a su entretenir mais que ses anciens joueurs ont également continué d’alimenter auprès de leurs jeunes compatriotes, Raï en particulier. A l’arrivée de QSI, le PSG s’est appuyé massivement sur les Brésiliens : Maxwell, Alex, David Luiz, Thiago Silva, Lucas Moura, Marquinhos. Il a aussi développé une ambitieuse politique de recrutement avec comme objectif la « Coupe aux grandes oreilles », c’est-à-dire la Ligue des champions. Sont arrivés Di Maria, Draxler mais surtout, bien avant eux, la figure emblématique suédoise Zlatan Ibrahimovic, dont le passage a coïncidé avec un triplé national et des buts inscrits à la pelle, jusqu’à son départ il y a un an.
Aujourd’hui, le PSG franchit un nouveau pallier, tout comme il en avait franchi un avec le Suédois. La Ligue 1 y a-t-elle à gagner ? En termes d’attractivité et de visibilité à l’international, c’est une certitude, avec des retombées potentielles à la clé. Les clubs de L1 vont-ils profiter de cette arrivée ? Forcément. Les stades seront pleins là où le PSG passera, rien que pour voir à l’œuvre Dani Alves et surtout Neymar. Le PSG va-t-il y gagner ? L’investissement est considérable, d’autant qu’il faudra aussi s’acquitter de salaires mensuels (2,5 ME, soit 30 à l’année). Il est probable que le club parisien doive à court et moyen termes se séparer, via des transferts, de certains de ses « actifs », à savoir Pastore, Matuidi, Rabiot, Verratti, Di Maria aussi, pour amortir le coût de Neymar.
Neymar changera-t-il la face de la L1 ? Sa technique exceptionnelle et sa capacité à inscrire des buts spectaculaires vont encore un peu dépoussiérer un championnat qui se traîne par rapport à ses voisins anglais, allemands, italiens et espagnols. Son sourire et sa personnalité seront un atout considérable pour rendre au championnat français sa place parmi les tout meilleurs d’Europe, même si le chemin est long et qu’une seule arrivée ne peut pas tout changer. Quant au PSG, après plusieurs tentatives infructueuses pour atteindre le dernier carré de la LDC, il n’a plus vraiment le choix, il lui faut effacer la honte de la remontada. Il ne l’a jamais eu en vérité, tout le monde espérant voir la bande à Thiago Silva au plus haut de la hiérarchie continentale. Et si le PSG venait à arracher, de façon improbable, la pépite offensive Kylian Mbappé à Monaco, bien que le club du Rocher s’y refuse jusqu’à présent ?
@Samir Farasha