Le destin d’un footballeur ne ressemble jamais à celui d’un autre. C’est encore plus vrai quand on nait dans un pays en proie à des troubles comme peut l’être l’Irak de ces deux dernières décennies. Rares sont les joueurs issus de ce pays qui arrivent à susciter l’intérêt des recruteurs des grands championnats européens. Et pourtant la qualité et la passion footballistiques animent au quotidien les fans de cette région du monde. Le vivier de talentueux joueurs est une réalité que les clubs du vieux continent auraient tort de négliger. A l’instar de l’Udinese qui a enrôlé Adnan Ali pour cinq ans, le Sporting Club Farense, onzième de la Segunda Liga au Portugal, a fait ce pari avec Osama Rashid. Le milieu de terrain de 23 ans, pensionnaire du club hollandais des Alphense Boys a paraphé, fin juin, un contrat d’une saison. Le joueur a fait le pari portugais pour donner une autre dimension à sa carrière. L’idée est d’autant plus judicieuse que sa nouvelle formation est une entité filiale du Sporting Club de Lisbonne.
Rien ne prédestinait Osama à multiplier les voyages. Sans l’exil familial, son histoire et sa trajectoire personnelles auraient dû être différentes. Le jeune homme voit le jour dans la province de Kirkouk, dans le Nord de l’Irak, au début des années 90, peu après que la première guerre du Golfe a débuté. La situation dégénère rapidement. La chute et l’élimination de Saddam Hussein, en 2003, précipite le pays dans le chaos et crée, de fait, une partition ethnique. Ces tragiques événements poussent alors la famille Rashid a fuir leur région et à trouver une terre d’accueil à l’étranger. Ce sera aux Pays Bas. Le titre de réfugiée politique permet à la famille de s’installer dans la province de Noord-Hollandse. C’est dans cet environnement balayé par les vents, aux antipodes du climat qui sévit en Irak septentrional, que le petit Osama va grandir. Là où il va sérieusement tutoyer le cuir. A six ans, il côtoie le club de sa ville. C’est précisément au Noord-Hollandsze ZOB qu’il fait ses toutes première gammes. Puis direction le sud et le grand club du Feyernoord de Rotterdam. Il ne restera que deux saisons dans la ville portuaire, préférant poursuivre son apprentissage du coté de Den Bosch. La bougeotte le gagne toujours. L’année d’après, il change encore de décor pour s’engager avec l’Excelsior Maassluis. Il n’y fera pas long feu. Reprise du baluchon, et atterrissage cette fois-ci chez les Alphense Boys. Une formation qu’il fréquentera de 2013 à 2015. Dans l’intervalle, et tout au long de sa formation d’apprenti footballeur, Osama intègrera les sélections nationales de jeunes. Entre 2007 et 2014, il écumera les catégories des U 16 aux U 20, enfilant à de nombreuses reprises la tunique Oranje.
Mais son destin irakien le rattrape quand le sélectionneur des Lions de Mésopotamie, Zico, le convoque pour la première fois avec l’équipe irakienne. Ce sera le 12 septembre 2012 face au Japon. L’Irako-hollandais n’hésite pas une seconde. Aligné sur la feuille de match, il ne prendra pas part à la rencontre. Ce n’est que le mois suivant, en amical face au Brésil, qu’aura finalement lieu son baptême du feu. Sous l’ère Zico, il sera de nouveau appelé pour jouer. S’ensuivront alors deux années où la valse des entraineurs l’éloignera de la sélection. C’est Radhi Shenaishil, qui de nouveau, fera appel à ses services en décembre 2014. Il lui donnera même l’opportunité de vivre sa première grande compétition internationale lors de la Coupe d’Asie des nations en Australie. Face à la Jordanie, le 12 janvier 2015, sa rentrée restera anecdotique. Il ne foulera la pelouse que dans les arrêts de jeu. En revanche, le sélectionneur lui accordera une totale confiance en demie finale en le titularisant d’entrée contre la Corée du Sud (défaite 2-0). Grâce à ce beau parcours, son équipe se classera quatrième à l’issue du tournoi. Ce sera l’occasion pour l’ex-pensionnaire du Feyenoord de prendre ses marques dans le onze irakien tout en donnant rendez-vous pour l’avenir. Et de se faire un nom! Car cette visibilité internationale et la signature avec un agent coréen, depuis le tournoi australien, seront un véritable accélérateur de carrière. Une gageure dont espère bénéficier en retour le club de Faro qui a osé miser sur lui. Sous la chaleur de l’Algarve, qui lui rappellera sans doute le climat de son pays d’origine, le natif de Kirkouk dispose désormais de toutes les cartes pour briller de mille feux. Et d’atteindre, pourquoi pas, des sommets inimaginables pour l’ancien gamin du Nord de l’Irak…
@Nasser Mabrouk