En charge de la préparation physique (fitness coach) des Emirats, il est certainement le doyen des Français présents dans le Golfe. Patrice Coutard a accepté de nous raconter son parcours avec les demi-finalistes de l’Asian Cup. Exclusivité 2022mag.com.
« Patrice, dans quelles circonstances êtes-vous parti à Dubaï ?
Lorsque j’étais en France, j’avais trois possibilités pour m’expatrier : en Australie, à la Kadji Sport Academy du Cameroun, ou bien au Ahly, un club de Dubaï, celle que j’ai choisie.
Depuis quand vous travaillez-vous effectivement aux Emirats ?
Je suis donc arrivé aux EAU en 2001 au Ahly, l’un des gros clubs du pays. Ensuite, j’ai été pris en équipe nationale par Roy Hogdson. Après cela, j’ai travaillé avec Jean-François Jodar, Dick Advocaat, et Bruno Metsu, toujours dans les même fonctions.
Parlez-nous un peu de votre ami Bruno…
J’ai eu la chance de travailler avec le regretté Bruno et juste pour rappeler que c’est lui qui a gagné la première Coupe du Golfe des Emirats. Pour dire aussi que c’était un mec génial et un entraîneur de qualité. Un homme de cœur. Sa veuve est d’ailleurs restée à Dubaï où elle continue ses activités.
Qu’est-ce qui fait que l’on reste dans un même pays si longtemps ?
J’ai apporté en 2001 un petit peu de technologie : j’étais le premier à mettre des cardio fréquencemètres, ensuite la télémétrie, ensuite les GPS. Et ce sont des gens agréables à travailler. Quand tu montres une petite valeur, ils te gardent.
Ca a été des années d’aventure, aussi…
C’est une grosse expérience de voyager, de voir d’autres mentalités, d’autres footballs. En 12 ans de temps, j’ai fait une vingtaine de pays et certains insolites comme la Corée du Nord, le Turkménistan ou le Tadjikistan, l’Ouzbékistan. On a plein d’anecdotes, c’est enrichissant.
Vous avez eu l’occasion surtout de voir cette jeune génération grandir et s’épanouir, jusqu’à se qualifier pour le dernier carré de cette compétition…
C’est d’autant plus méritoire que les Emirats ont 7000 licenciés, à peu près ! Etre dans le dernier carré asiatique avec si peu de licenciés, c’est quelque chose d’appréciable. Les gens aux Emirats nous donnent le temps de travailler et les moyens de travailler. Ce qu’il faut préciser aussi, c’est qu’aux Emirats, on n’octroie pas les passeports facilement, comme d’autres pays du Golfe.
On ne connaît pas trop le coach, votre ami Mahdi Ali…
On se connaît depuis quatorze ans maintenant. Je l’ai connu comme entraîneur dans mon premier club, quand il était l’adjoint des 15 ans. Il a monté cette génération depuis maintenant une dizaine d’années. C’est une promotion qui a été championne d’Asie en moins de 20 ans, ils ont participé aux JO de Londres pour la première fois de leur histoire. Ils ont disputé la finale des jeux d’Asie. On a gagné la Coupe du Golfe en 2013, une compétition que j’avais déjà remportée avec le regretté Bruno Metsu.
Quel technicien et homme est-il ?
Même en tant qu’adjoint des 15 ans, il a toujours été curieux des nouvelles technologies, dans sa méthode de travail, on a toujours discuté ensemble. C’est un ingénieur électronique par profession. Il était numéro 3 à la RTA, une grosse société qui dirige tous les transports, c’est lui qui a créé tous les systèmes de paiement au niveau du métro, du parking, etc. C’est une grosse tête. Il a joué en équipe nationale et c’était un très bon milieu de terrain. C’est quelqu’un de très cartésien, mathématique, avec une bonne organisation et c’est ce qui manquait souvent aux Emirats.
En quoi se distingue-t-il de ses prédécesseurs ?
En tant qu’Emirati, il connaît les susceptibilités des gens et vu son réseau, il peut avoir tous les moyens de travailler. Par exemple, vu que le championnat est assez faible, on a 45 minutes de temps de jeu effective. En sélection, on en est à plus de 60. On est obligés d’avoir du temps avec l’équipe pour faire progresser les joueurs au plan international. Ils sont très doués techniquement et le coach, depuis 14 ans, leur a donnés une grosse culture tactique.
Pour combien de temps êtes-vous encore sous contrat ?
Ca fait quatorze ans que j’ai un contrat renouvelable tous les ans, et ça suit son cours !
On vous a vu récemment en compagnie de Bafé Gomis sur des photos…
C’est mon grand copain, Bafé ! Je me suis occupé de lui quand il est venu à Dubaï. Mais on a peut-être l’intention avec Guillaume Vachaud de créer une structure pour s’occuper des joueurs qui viennent à Dubaï et leur permettre de travailler en même temps que de passer du bon temps. »
@Samir Farasha, à Sydney