Il y a quelques jours, Patrick Aussems a été convié à Alger pour rencontrer les dirigeants de l’USM Alger. Le technicien de 50 ans, passé par la Chine, le Soudan, le Bénin, le Congo et le Cameroun, s’est longuement entretenu avec les responsables algérois et leur a présenté son projet pour le club de Soustara. Entre les visites des installations et les deux rendez vous qui ont duré 6 heures, l’envie de travailler ensemble semble réciproque. Toutes les revendications de part et d’autre sont acceptées. Un accord verbal, prononcé par le dirigeant opérationnel, est annoncé à « 95% » . Restent quelques points à finaliser et la promesse d’une signature du contrat sur Paris. Quatre jours après son retour à son domicile, dans le sud de la France, le Belge reçoit un appel mais pas celui qu’il attend. Le conseiller du président l’ informe qu’il ne sera pas l’entraineur des Champions d’Algérie 2014. En exclusivité pour 2022mag.com, l’ex coach d’Al Hilal, au Soudan, nous détaille ces deux jours à Alger. Il nous indique, par ailleurs, ne pas comprendre ce revirement sans explications.
Vous étiez tout proche de vous engager avec l’USMA. Pourquoi cela ne s’est il pas fait?
Je suis surpris de ce qui s’est passé. J’ai reçu un coup de fil m’invitant à Alger pour parler du projet. J’ai été bien accueilli. J’ai visité les installations. J’ai vu le président, à deux reprises, pendant fois trois heures. Je lui ai parlé de ma conception du football et de mon projet pour le club. A la fin du second entretien, il m’a dit que c’était bon à 95%. Que tout était ok. Qu’il ne fallait pas se tracasser. Je suis donc rentré en France pour bosser sur le futur. Au bout de quatre jours, je reçois un appel du conseiller du président qui me dit être désolé car le frère du président a finalisé avec un autre coach. J’aurais pu comprendre cette décision si j’avais fait partie d’une short-list. Cela se passe comme cela dans tous les clubs auxquels j’ai eu affaire. Je suis étonné entre le discours de départ et le résultat final. Je pensais que s’il y avait eu un problème sur les 5% restants, ils m’auraient appelé. J’aurais aimé savoir ce qui n’a pas fonctionné alors que j’ai été contacté et invité sur place. Je n’ai pas eu de nouvelles. Etait ce la vraie raison qui m’a été donnée? Ils en ont sûrement une bonne. Je n’ai à ce jour lu aucun nom dans la presse pour reprendre l’équipe.
A quand remontaient les premières négociations?
J’y étais la semaine dernière. On a laissé passer le troisième match de ligue des champions. On devait finaliser le week end suivant. Je sais qu’en football rien n’est jamais sûr mais je suis déçu du revirement.
Sur quelles bases vous vous étiez mis d’accord?
Nous étions d’accord sur tout. On a échangé sur ce qu’il était possible de faire ou de ne pas faire. Sur ma manière de travailler. Sur les conditions matérielles et le staff technique. On était partis sur une année avec une supplémentaire en option.
N’avez vous pas l’impression qu’il y a plusieurs personnes qui s’occupent du recrutement dans le club. Et que cela ne simplifie pas les choses?
Je ne peux pas vous dire car je n’ai eu affaire qu’au président et au secrétaire général à Alger. Je pense que le frère du président était au courant de ma venue. Les choses sont faites à l’envers. Ils ont pris un préparateur physique et un entraineur des gardiens et ensuite, ils s’occupent de l’entraineur. Cela ne peut être que temporaire.
Vous qui avez entrainé dans plusieurs pays (Chine, Soudan, Bénin), avez-vous déjà connu cela?
En Chine, à Changdu j’ai été auditionné parmi trois entraineurs. Les dirigeants m’avaient dit qu’ils allaient voir. Ils m’ont finalement choisi. Faire volte face, c’est la première fois que cela m’arrive.
L’USMA est présenté comme le club le mieux structuré et le plus en avance en Algérie. Cela vous donne-t-il une bonne image du football algérien?
Au niveau des installations, ils ont rentabilisé le vieux stade. Ils ont une salle de musculation et d’entrainement de bon niveau. C’est organisé. Les échos que j’ai pu avoir, c’est que c’est un cas à part en Algérie.
Le club n’a pas d’entraineur alors qu’il est engagé dans une compétition majeure, la Ligue des Champions. Cela vous surprend il?
Je peux comprendre leur embarras sur le court terme avec la compétition africaine et le projet à moyen terme qui est le championnat algérien. Il faut faire un travail de fond car s’ils sont éliminés en ligue des champions, il ne leur restera que le championnat. Cela dit, le staff fait du bon boulot puisqu’ils ont obtenu trois victoires.
La FAF a voté une loi interdisant le recours aux joueurs étrangers dès la saison prochaine. Qu’en pensez vous? Peut on gagner une ligue des champions qu’avec des joueurs du crû?
Même si en Algérie le football est relevé et l’un des meilleurs en Afrique, il faut faire appel à de la compétence étrangère. C’est toujours profitable. Cette décision va à l’encontre de ce qui se fait ailleurs. Il peut y avoir quelques spécificités comme en Chine où les gardiens de but doivent être Chinois. Il doit sûrement y avoir des raisons, que je ne maitrise pas, pour que la fédération ait pris cette décision. Il y a d’excellents footballeurs en Algérie. Mais quel que soit le pays, c’est très compliqué de gagner des compétitions internationales qu’avec des joueurs locaux. Cela réduit cette possibilité.On n’imagine pas le foot anglais sans étrangers.
Malgré cette mauvaise expérience, êtes vous toujours tenté pour entrainer en Algérie?
Bien sûr ! Cela ne va pas me refroidir car il y a une passion du peuple pour le foot.C’est plus intéressant de travailler dans ces conditions. J’ai la chance de bien connaître le football africain après mes expériences à Al Hilal (Soudan) et aux Léopards de Dolisie (Congo). Le challenge avec l’USMA était intéressant avec l’objectif de victoire finale en ligue des champions. J’ai la chance de bien connaitre les clubs soudanais qui peuvent être de probables adversaires du club. Je leur souhaite d’aller le plus loin possible.
Propos recueillis par Mansour Fodil