Tout à l’heure à Rabat, sera sacré un club qui n’a encore jamais inscrit son nom au palmarès des compétitions africaines. Sera-ce Pyramids, nouveau riche égyptien, ou bien Berkane, 3e force du football marocain derrière le Raja et le Wydad ?
Nous voici enfin parvenus à quelques heures de la finale d’une compétition dont le tour préliminaire eut lieu en aout 2019, il y a 14 mois… Parmi les équipes justement engagées dans ce round d’écrémage, il y avait justement le Pyramids FC et il avait facilement écarté l’Etoile du Congo. Anciennement Assiouty Sport et habitué aux divisions inférieures, devenu en l’espace de deux ans un Grand d’Egypte (3e lors de sa première saison sous sa nouvelle appellation) capable de contester au Zamalek ou au Ahly leur domination historique !
Alors coaché par le Français Sébastien Desabre, parti depuis et remplacé avec succès par le Croate Ante Cacic, ancien sélectionneur de son propre pays mais aussi de la Libye, Pyramids a beaucoup recruté. Des internationaux, africains ou égyptiens, on pense à Abdallah al-Saïd par exemple. Et le club, désormais propriété de l’Emirati Salem Al-Shamsi après avoir été dans un premier temps présidé par le Saoudien Turki Al-Sheikh, continue sa marche en avant. Dernier joueur annoncé, le vétéran du Ahly Ahmed Fathy. Pyramids a donc tracé sa route sur la scène nationale et s’est inventé un destin sur celle, plus large, de l’Afrique. Songez que ce club atteint la finale de la CDC pour sa toute première participation ! Qui dit mieux ? Son épopée continentale lui permet aujourd’hui d’envisager rien de moins qu’un sacre. Qui serait mérité, eu égard aux clubs écartés par Pyramids : Etoile du Congo, CR Belcourt (ALG), Yanga (TANZ), Enugu Rangers (NGA), Al Masry (EGY), FC Nouadhibou (MRT), Zanaco (ZAM) et donc, le Horoya Conakry (GUI) en demi-finale (2-0).
Tout à l’heure, face à cette formation qui a régalé sur le plan offensif et encaissé peu de buts, la Renaissance de Berkane se trouvera sur sa route. Nés en 1970 et présidés par Faouzi Lekjaa, le vice-président de la CAF et patron du football marocain, les Chérifiens, quarts de finaliste en 2018 puis finalistes malheureux en 2019 – défaite aux tirs au but face au Zamalek– étaient les favoris de la compétition à mesure qu’ils avançaient dans l’épreuve. Eux n’ont pas énormément changé puisqu’on retrouve pas mal d’anciens de 2019 comme Omar Nemsaoui ou encore son vis-à-vis au poste de latéral gauche, Mohamed Aziz, un capitaine qui « vaut » six buts dans la compétition ! Autre cadre, le défenseur axial burkinabè Issoufou Dayo, redoutable dans les duels et très précieux sur les coups de pieds arrêtés offensifs, où il s’illustre régulièrement comme buteur ou passeur. Sur le banc des Orange de Berkane, un ancien international marocain à la riche histoire pro, Tarek Sektioui, passé notamment par la case FC Porto. A la tête d’un effectif rompu aux matches décisifs – on l’a encore vu en demi-finale face au Hassania Agadir, dans un duel marocain fratricide très serré (2-1) – Sektioui a su impulser ce petit plus de motivation, booster son groupe à la peine pour l’envoyer en finale.
Ce soir à Rabat, Berkane et Pyramids partent pour un choc de 90 minutes. A minima. En cas d’égalité, ils devront en passer par une prolongation de deux fois quinze minutes. Et s’ils ne parviennent toujours pas à se départager, l’arbitre camerounais Sidi Alioum leur indiquera la séance des tirs au but. Une séance que les joueurs de Berkane souhaiteront forcément éviter après leur échec dans cet exercice en mai 2019. On l’a bien compris, les deux formations ont rendez-vous avec l’Histoire. Un succès de Berkane viendrait confirmer sa régularité et surtout, demanderait à être confirmé par une participation en Ligue des champions. Une défaite ne serait pas nécessairement la fin de l’aventure des Orange, peut-être seulement celle d’un groupe dans sa composition actuelle. Quant à Pyramids, les « nouveaux riches » ou « millionnaires » du football égyptien comme ils ont été baptisés par les observateurs du football africain et arabe, ambitionnent à moyen ou long terme de succéder au Zamalek et au Ahly sur la scène locale et africaine. Ils n’en sont qu’au début de leur ascension et une défaite en finale pour une participation initiale ne remettrait rien en question, notamment sur le plan de l’investissement de son patron.
Qu’est-on en droit d’attendre sur le plan du jeu ? Après leur prestation très aboutie en demi-finale, les joueurs de Pyramids paraissent en capacité de dominer un adversaire plutôt stéréotypé dans son expression. Pyramids a la faculté de construire ses attaques en partant de derrière, arrive très vite dans la surface et possède des joueurs pour combiner dans le petit périmètre (Eric Traoré, John Antwi) ou frapper de loin comme Abdallah Al-Saïd ou encore Farouk. Ils peuvent alterner ces différentes phases et ne sont pas vraiment dans la gestion ou le calcul. Berkane, de son côté, a semblé parfois tomber dans un football routinier qui lui a coûté l’égalisation du Hassania Agadir il y a quelques jours. On peut aussi s’interroger sur la présence dès le coup d’envoi d’Alain Traoré, l’ancien pro d’Auxerre et Monaco, utilisé avec parcimonie par Sektioui. Ce n’est pas la moindre des interrogations nourries par cette finale inédite. Rendez-vous lundi pour un décryptage de ce match qui promet !
@Samir Farasha