Depuis la fin du Mondial 2018, le Qatar a clairement décidé d’accélérer la cadence même si le pays a déjà franchi de nombreuses étapes depuis 2011. On peut dire que l’aventure Mondial 2022 est cette fois définitivement lancée.
Nous étions à Doha pour faire le point sur cette actualité, mais aussi pour décrypter les atouts décisifs qui font depuis des années de ce pays du Golfe une puissance internationale en matière d’investissements dans le domaine du sport de haut niveau. Le Qatar a bel et bien un temps d’avance sur la concurrence dans ce secteur. Ce quii peut permettre de penser qu’ à Doha, aujourd’hui c’est déjà demain.
La semaine qui se termine a été chargée en événements à Doha. La capitale de l’Emirat a reçu en effet la visite du président de la FIFA, Gianni Infantino, puis celle d’une délégation de la Confédération africaine de Football (CAF) dirigée par son patron, le Malgache Ahmad Ahmad ainsi que celle d’un certain nombres de représentants de médias africains. Votre magazine 2022.com y était également.
Ce furent trois journées chargées en réunions de travail et en visites de lieux emblématiques. Sur les chantiers des stades, mais également dans ces joyaux magnifiques dédiés à la haute performance sportive à la renommé désormais mondiale que sont l’ Aspire Academy pour le volet formation et préparation comme pour le volet médical de pointe, en l’occurrence l’hôpital Aspetar.
Gianni Infantino mise sur une réussie exceptionnelle
Bien sûr, ce n’était pas la première fois que le président de la FIFA se rendait à Doha depuis qu’il a pris la direction de l’institution faitière du football international, mais c’était son premier séjour depuis la fin du Mondial 2018 qui s’est déroulé en Russie. Après avoir été reçu par l’Emir, Sheikh Tamim bin Hamad Al –Thani, le dirigeant transalpin a fait le tour de certaines réalisations de la capitale, dont le métro ultramoderne qui sera livré en totalité à la fin de l’année. Avant de se rendre à 20 km de la ville, sur le chantier du stade d’Al Wakrah d’une capacité de 40 000 places et dont l’inauguration est prévue pur l’été 2020. A l’issue de cette visite, il s’est dit ravi de ce qu’il a vu : » Le stade est très impressionnant, s’est-il enthousiasmé en conférence de presse, lorsque vous entrez ici, vous pouvez immédiatement sentir à quel point c’est imposant et vous pouvez voir les progrès réalisés quatre ans avant le coup d’envoi de l’événement ».
Au delà des chantiers parcourus, Infantino, qui a également survolé en hélicoptère les sept autres sites de la Coupe du monde, voit l’Emirat bien parti pour faire mieux que la Russie dont pourtant il avait dit énormément de bien au sortir du dernier mondial : « Je pense que cette Coupe du monde est extrêmement importante, non seulement pour le Qatar, mais pour toute la région. Ce Mondial est une opportunité unique et une vraie chance de montrer au monde ce que cette région peut offrir. pour le football, mais aussi pour que quiconque dans le monde vienne visiter un endroit magnifique, découvre une nouvelle culture et rencontre de nouvelles personnes ».
Et pour argumenter son optimisme concernant l’Emirat,il a rappelé les choses négatives et inquiétantes qui avaient dites et écrites sur la candidature russe: » La Russie suscitait de nombreuses craintes, mais il s’est avéré qu’il s’agissait d’une Coupe du Monde très sûre, d’une Coupe du Monde très accueillante, dans un pays où les fans se sentiraient bien. Toute la population a contribué à cela et je suis sûr que la même chose se passera ici au Qatar. La Coupe du monde russe a été la meilleure de tous les temps, mais la Coupe du monde en 2022 au Qatar – j’en suis sûr – sera encore meilleure. Durant sa tournée menée au pas de charge, Gianni Infantino était accompagné par le sémillant et polyglotte H.E. Hassan Al Thawadi, secrétaire général du Comité suprême pour la livraison et l’héritage.
Education City : dans le respect de la planète
De son côté, la délégation africaine a pu suivre au même rythme et avec un intérêt indiscutable le même chantier du stade de Wakrah situé au coeur de la future cité de l’éducation (Education City) un campus qui accueillera plus tard quelques milliers d’étudiants dans un cadre sophistiqué. Diirigeants et journalistes ont eu droit à des explications pointues sur l’avancement des travaux et sur le potentiel technologique qui garantira aux fans présents (et aux téléspectateurs du monde entier ) un confort et une qualité de suivi des matches de haut niveau. Ce stade dont la capacité sera réduite à 20 000 places au lendemain du Mondial, verra les 20 000 autres envoyées en Afrique dans le cadre de l’aide au développement et dans l’esprit des règles écologiques qui veillent à lutter contre le gaspillage des richesses et qui vont dans le sens de la protection de la planète. Dans tous les échanges avec les représentants des autorités politiques et sportives du Qatar en charge de la préparation du Mondial, un leitmotiv revient : les infrastructures auront une vie après le Mondial. D’une façon, utilisation locale rationnelle, ou d’une autre, leur transfert dans des pays en développement. Les expériences désastreuses des JO d’Athènes en 2004 voire ceux de Rio en 2016 sont un indiscutable repoussoir pour le Qatar.
Les deux joyaux de l’Emirat
Faire le voyage de Doha la sportive serait inimaginable pour des professionnels de l’information sans une visite – quand cela est possible – de ces temples que sont l’Aspire Academy, dédié à la formation des athlètes, toutes disciplines confondue, et Aspetar, son pendant médical. Un haut lieu de la connaissance, des méthodes de prévention et des soins pour les athlètes unique au monde. Dans ces deux lieux, l’excellence est un maitre mot.
Aspire Academy, fabrique à champions
Lancée en 2006, au lendemain des Jeux Asiatiques, l’Academy Aspire, est une gigantesque fabrique à champions toutes disciplines confondues dans un espace de 400 000 mètres carrées qui ne cesse de s’agrandir. Outre le football, le plus universel des sports, Aspire forme également des joueurs de squash, des pongistes, des athlètes ou des nageurs. A leur service un encadrement puissant et de haut niveau qui dispose évidemment de toutes les commodités et surtout des outils technologiques de dernier cri que ce soit au niveau des équipements ou des méthodologies de préparation.
Après 12 ans d’existence, l’Academy est devenue une sinon La référence mondiale en la matière. Les apprentis et aspirants athlètes qui ne sont pas seulement qataris viennent du monde entier. Comme les techniciens et les spécialistes. Tous les métiers sont représentés: de l’entraîneur, au préparateur physique, en passant par le nutritionniste. Aspire organise aussi le séjour régulier de grandes locomotives du football européen, Bayern Munich, Paris SG, Real Madrid, FC Barcelone sont contents d’y trouver, durant leur stages d’intersaison, des conditions de travail parfaites.
La visite de la cité que nous avons effectuée sous la houlette de la responsable des relations publiques, l’Espagnole Esperanza Campuzano, trop courte en raison de la journée chargée de notre délégation, donne le tournis. Mais elle nous a donné surtout l’envie d’y revenir pour un reportage plus fouillé tant l’institution offre des possibilités insoupçonnables. C’est un laboratoire d’exception qui a permis au pays de faire émerger des noms à l’image du sauteur en hauteur Moatez Hisham Barshim, 2 m 40 à la hauteur ou du footballeur international Akram Afif. Un milieu offensif (19 ans ) promis à un bel avenir et qui aidera sans doute la sélection nationale à tenir un rang digne lors du Mondial que le pays organisera dans quatre ans.
Aspetar, du très haut niveau à tous les étages
C’est sans doute le plus grand hôpital du monde spécialisé en orthopédie et en médecine du sport situé à quelques encablures du centre ultra moderne de la capitale. Un îlot de verdure, de calme et de tranquillité pour soigner les maux plus ou moins graves des athlètes de haut niveau. Comme à Aspire l’accueil qui nous est réservé est chaleureux. Et la présentation qui nous est faite des différents services s’est voulue la plus claire possible en dépit de la complexité des sujets abordés.
Ce qui impressionne également, c’est la diversité des métiers et celle des origines de l’encadrement. Aspetar est un monde en modele réduit : Asiatiques, Européens, Américains, Africains travaillent à l’évidence dans la convivialité au côté des spécialistes locaux pour faire avancer ce centre qui dispose dee moyens de recruter les sommités mondiales toutes spécialités confondues. Un incroyable patchwork .
Les patients, eux également sont de toutes les origines et représentent tous les sports. Les plus grandes stars y séjournent pour se refaire une santé. Ce qui a fait dire il y a quelques années au chirurgien orthopédiste français à la réputation mondiale bien assise, Gérard Saillant, au sujet de l’efficacité de l’institution: » Ce projet consacre à la médecine du sport une place inimaginable ailleurs, qui se rend à Doha une dizaine de jours par mois. L’avantage d’être dans un petit pays géographiquement parlant, c’est qu’il y a très peu d’échelons entre la base et le sommet, ce qui permet d’être beaucoup plus efficace ». Mais attention, précision importante: Aspetar n’est pas seulement un hôpital de luxe pour les plus prestigieux sportifs du monde. Il est aussi chargé de l’ensemble de la médecine sportive du pays et, à ce titre, passe au crible tous les sportifs du Qatar.
@ Fayçal CHEHAT, à Doha