Aristide Bancé, l’attaquant international burkinabé (33 ans) qui évolue dans l’équipe égyptienne d’Al Masry, a lancé un énorme pavé dans la mare sur un sujet tellement peu abordé en Afrique du Nord, le racisme anti-noirs. Courroucé par les conclusions de la conférence sur le bilan de la participation des équipes africaines au Mondial, l’ancien joueur a confié ses sentiments dans un message vidéo publié sur sa page Facebook: « Le président de la CAF voulait savoir pourquoi des équipes africaines comme le Sénégal, la Tunisie et l’Egypte ne sont pas allées très loin dans cette Coupe du monde, je voudrais lui dire de regarder un peu le football africain. Je pense qu’il y a de l’injustice. Les Africains qui jouent sur notre continent sont traités comme des esclaves. Le président de la CAF devrait se pencher sur cette question parce que je pense que trop c’est trop. Moi, personnellement, je remercie le président de la CAF. Je n’ai pas son numéro, je ne peux pas l’appeler directement. Donc c’est à travers facebook qu’il va peut-être m’entendre ».
Puis le natif d’Abidjan de lister les reproches qu’il fait aux pays nord-africains « hôtes » de footballeurs d’origine subsaharienne ; « Beaucoup de nos frères noirs souffrent dans des pays comme la Tunisie, le Maroc et l’Egypte. J’ai un ami qui vient de m’écrire – nous jouions dans le même club – il est là en Egypte. Ils ont confisqué son passeport et falsifié un document pour affirmer qu’il a reçu tous ses salaires. Et la Fédération égyptienne soutient ce club. L’affaire est très sérieuse. Nous Africains à la peau foncée, nous ne sommes pas respectés ».
Son expérience égyptienne semble avoir particulièrement marqué l’Etalon du Burkina Faso et il use d’une franchise sans limite pour en parler : « Le football n’est pas l’esclavage, mais il y a l’esclavage en Egypte. J’en parle et rien ne me fera peur. Les joueurs étrangers ont normalement droit à un permis de séjour. Mais là [en Egypte] la plupart des étrangers n’ont pas la carte de résidence. Ils reçoivent un visa de trois à quatre mois. Lorsque le visa expire, vous devez quitter le pays. Et quand tu ne pars pas, chaque jour tu es sanctionné d’une amende. Et comme Il y a beaucoup de joueurs sans argent qui ne peuvent pas payer ces pénalités, alors les clubs les abandonnent dans la rue. C’est pourquoi l’Egypte a échoué en Coupe du monde. Parce que vous êtes mauvais dans votre pays. Tant que vous continuerez à être mauvais, votre équipe nationale sera mauvaise ».
Un pamphlet terrible. Qui n’est pas très éloigné de la réalité que vivent certains joueurs, des faits similaires ayant été signalés ces derniers années dans tous les pays de la région. Maintenant, il faudra scruter la réaction des dirigeants du club d’Alexandrie en particulier et celles des autorités du football égyptien à cette sortie médiatique.
@Cheikh Mabele