L’ancien pilier du Raja et des Lions de l’Atlas s’est éteint jeudi 27 juillet des suite d’un malaise cardiaque. Il avait 64 ans. Retour sur la carrière d’un Grand du football marocain et arabe.
Il était aussi insaisissable sur le terrain que dans la vie de tous les jours. « Douloumate » comme on l’appelait affectueusement au Maroc, s’en est allé jeudi soir, sans un bruit. On ne reverra plus ses boucles brunes ni sa fine silhouette, lui qui ne mesurait qu’1m68. Né le 19 avril 1953 à Casablanca, Abdelmadjid Dolmy n’a connu que deux clubs dans sa longue carrière, qui s’est étendue sur trois décennies : le Raja puis la Centrale Laîtière (CLAS) devenue Olympique de Casa.
Libero puis milieu de terrain défensif doté d’une vision de jeu exceptionnelle, il débute sa carrière en 1971 avec les Verts du Raja. Le début d’une histoire d’amour qui lui vaut d’intégrer quelques années plus tard l’équipe nationale, en février 1973 à l’occasion d’un amical contre le Sénégal. Le début de quinze années de présence chez les Lions de l’Atlas, son autre amour avec le Raja.
Au cours de son premier passage au Raja (1970-87), il décroche trois Coupes du Trône (1974, 1977, 1982) mais curieusement, ne remportera jamais la Botola. Heureusement, l’équipe nationale va lui apporter d’autres bonheurs : il est de l’expédition victorieuse du Maroc à la CAN en Ethiopie, qui voit les Lions de l’Atlas remporter leur premier (et à ce jour, unique) titre de champion de champion d’Afrique. Avec la sélection, il dispute également l’édition 1978 au Ghana ainsi que les Jeux Olympiques 1984 aux Etats-Unis. Quart de finaliste de la CAN 1986, il vit son dernier tournoi africain chez lui, lors de l’édition 1988, où il termine au pied du podium, battu lors du match de classement par l’Algérie aux tirs au but. Mais la plus belle aventure de Dolmy, celle qui contribua à le faire connaître au-delà des frontières africaines et arabes, c’est au Mexique qu’il l’a vécu. En 1986, il fait partie de la bande à « Mehdi » Faria, le sélectionneur brésilien qui dirige le Maroc pour sa deuxième participation à une Coupe du monde, seize ans après. Au Mexique, Dolmy fait sensation. Il aide son pays à terminer en tête de son groupe, grâce à ses nuls contre la Pologne et l’Angleterre (0-0) et sa victoire sur le Portugal (3-1). C’est la première fois qu’une équipe africaine se retrouve au second tour d’une épreuve mondiale. Le 17 juin à Monterrey, le Maroc de Dolmy s’incline de justesse (1-0) en huitième de finale de l’épreuve face à la RFA, future finaliste.
L’année suivante, Dolmy est transféré à la CLAS, où il va passer trois saisons. Il ne disputera pas la finale de Coupe du Trône 1990 victorieuse contre les FAR puisqu’elle ne fut disputée qu’en mars 1993, deux ans après qu’il ait mis un terme à sa carrière. Après un ultime tour de piste au Raja (1990-91) à l’âge de 38 ans, Dolmy raccroche définitivement les crampons.
Son après-carrière sera le plus souvent silencieuse. Discret, l’artiste n’a jamais été un grand bavard et fuyait les sollicitations médiatiques. Il recevra quand même le « prix du fair-play » décerné par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le 15 octobre 1992 pour récompenser un « joueur dont la moralité et la courtoisie exemplaires le font unanimement considérer par ses partenaires ou adversaires comme un ambassadeur de football. » Curieusement, il n’aura eu droit à aucun jubilé, ni de la part du Raja, ni même de la Fédération, après avoir fidèlement servi le football national pendant plus de deux décennies.
Plusieurs personnalités, parmi lesquelles le président réélu de la FRMF, Fouzi Lekjaa, et celui du Raja, Saïd Hasbane, se sont rendus à son domicile pour présenter leurs condoléances à la famille du défunt. D’anciens internationaux, comme son coéquipier et ami Merry Krimau, ont rendu hommage au disparu sur les réseaux sociaux.
@Samir Farasha