Rinat Dassaev, gardien de but de Spartak Moscou et de l’ex-URSS, était une star internationale dans les années 80, une époque pas forcément bénie des Dieux dans son pays. Dans un entretien accordé au quotidien français L’Équipe, il raconte – pour répondre à la question: êtes vous supertitieux ? – une anecdote qui prouve qu’il ne fallait pas prendre trop de libertés individuelles, surtout lorsqu’on était censé représenter le Pays de la Révolution socialiste : “ Non, mais j’avais une forme de rituel. Je déposais toujours dans ma cage un sac avec une paire de gants de réserve et un Coran. Vous savez, je suis musulman, ce qui n’était pas très bien vu du temps de l’URSS. Il n’était pas question de l’ouvrir ou de lire une sourate, c’était juste une présence. Quelques mois plus tôt, j’étais allé à la mosquée de Prospekt Mira (ndlr à Moscou) pour le faire bénir. J’ai été convoqué à la Loubianka (siège du KGB). Quelqu’un m’avait apeçu et dénoncé. Mais on m’a juste sermonné en me rappelant que c’était interdit d’afficher ses convictions religieuses quand on était bon communiste. Imaginez si un média occidental avait été au coutant…” Heureusement, les temps ont bien changé, en Russie , dans la vieille Europe et ailleurs. Depuis, il y a eu la chute du Mur de Berlin, la dislocation de l’Empire soviétique et bien d’autres choses. Dassaev ne cache plus son Coran dans un sac pour lire ses sourates préférées.
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