Nommé lundi soir à la tête du Real Madrid, Zidane, le plus célèbre joueur du monde arabe devient à 43 ans l’entraîneur de l’un des cinq plus grands clubs du monde. A partir d’aujourd’hui, retrouvez tout au long de cette semaine l’histoire de celui qui fit gagner la Coupe du monde à la France. Récit. Aujourd’hui, l’Algérie, histoire d’une pudeur…
L’ALGÉRIE, HISTOIRE D’UNE PUDEUR
Il y a beaucoup de légendes qui courent en Algérie lorsqu’il s’agit de parler de Zidane. Il y a celle qui dit, histoire de critiquer les dirigeants du football algérien, que le sélectionneur national de l’époque (1989 et 1990), Abdelhamid Kermali, aurait refusé de faire appel au Marseillais sous prétexte qu’il n ‘était pas si bon que certains le disaient. Bien sûr, Kermali avait démenti avec la plus grande fermeté cette information. Mais les Algériens, à la fierté exacerbée, n’ont pas entendu le Mondial 1998 pour s’approprier (voir « nationaliser » le joueur français. Zidane, lui, s’est toujours tu face à cette question. Il a peu parlé de l’Algérie au début, il n’a commencé à la faire que depuis le fameux match France-Algérie (4-1) qui s’était si mal terminé au stade de France en octobre 2001..
L’autre légende, puisant son origine à Marseille même, rapporte que lorsqu’il avait dix ou onze ans, le futur Zizou se faisait passer pour le cousin d’un autre Zidane (prénommé Djamel), avant-centre de talent (évoluant en Belgique) de l’équipe nationale d’Algérie, alors en pleine gloire. Nous sommes entre 1982 et 1986 et la popularité et les performances des Fennecs d’Algérie sont au sommet. Bien sûr, il n’y avait aucune parenté entre les deux Zidane. Le Zidane de Marseille a des origines kabyles (Est de l’Algérie), le Zidane de la sélection algérienne à des origines oranaises (Ouest de l’Algérie)…
En famille, Zidane comprend et parle un mélange de berbère et de français. À l’extérieur, le joueur revendique clairement son appartenance française, notamment lorsqu’il embrasse avec une immense fierté le coq qui orne le maillot bleu de l’équipe de France en finale de la Coupe du monde 1998. Cela les Algériens ont fini par le comprendre et le respecter.
Son intérêt pour l’Algérie, il le manifeste depuis une dizaine d’années par des actes de solidarité. Notamment en organisant un match avec les bleus de 98 à Marseille pour apporter une aide aux sinistrés du tremblement de terre d’Alger (2003) : résultat un c chèque de 1 million d’euros a pu être envoyé aux associations locales. Zidane mène d’autres actions en Algérie pour aider les enfants défavorisés. Il a effectué une tournée dans ce pays à l’automne 2006 pour suivre l’évolution des actions qu’il a initié, notamment grâce à l’association humanitaire « Les Enfants du Sahel ».
Son rapport à l’Algérie est donc enrobé de pudeur et de grande discrétion. Le message est toutefois clair et signifie en quelque sorte « je suis de parents algériens, j’ai des attaches, une amitié pour ce pays, mais je reste Français … »
L’HOMME, un exemple pour les autres
Un faux calme et un sanguin
En fait, là ou les origines algériennes de Zizou se font le mieux sentir, c’est dans le tempérament. Sur ce plan, il se rapproche beaucoup des gens de l’autre rive méditerranéenne. Zizou est un faux calme. I Derrière un semblant de placidité couve un caractère épicé, nerveux, bref un sanguin à la mode algérienne.
En témoignent ces quelques gestes de colère qui lui ont valu quelques sanctions (contre l’Arabie Saoudite en 1998) ou son exclusion dans un match contre la Corogne (avec la Juventus) et le coup de tête donné à l’Allemand Jochen Kientz (Hambourg) en Ligue des champions.
Le respect des valeurs
Comme tous le gens du Sud, Zidane accorde aussi une place immense et centrale à la famille. Cette dernière est tout pour lui. Ses parents (on l’a vu plus haut dans cet article) sont indiscutables et hyper respectés. Lui-même a fondé une famille nombreuse (4 enfants) avec la même épouse depuis une vingtaine d’années, alors que nombre de stars du football mène une vie instable quand elle n’est pas dissolue. Après avoir annoncé sa retraite, il n’a pas cessé d’expliquer qu’il avait envie de se consacrer à ses proches : « Je veux être père à plein temps et m’occuper plus longuement de mes enfants… »
Solidarité familiale
Généreux, il a confié à ses frères et sœurs, par l’intermédiaire de la société Zidane Diffusion, la gestion de ses droits d’image à travers le monde. La société familiale fait un chiffre d’affaires estimé à 2 millions d’euros. Zidane a imposé dans le cadre d’un contrat le liant à la chaîne de télé Canal + d’offrir à sa sœur et à ses frères une formation accélérée pour gérer son site Internet, Zidane.fr. Selon Alain Legal, chargé de la communication de Canal+, Zidane avait à cœur de ne pas « transformer les membres de sa famille en gagnants du Loto. Il souhaitait qu’ils soient impliqués professionnellement dans ses succès. » Les parts de la société sont répartis à parts égales entre Leila (36 ans), Madjid (42 ans), Farid (40 ans) et Nordine (38 ans). Généreux mais lucide.
Une immense popularité,
Cet homme à la fois riche, brillant, généreux, mais aussi à la modestie impressionnante et non feinte, devient l’une des personnalités les plus aimées de France. À partir de 1999, il est désigné par le sondage annuel d’un grand hebdomadaire « Le journal du dimanche » comme l’une des personnalités préférées des Français, juste derrière l’Abbé Pierre.
Engagement politique, 2002 l’exception
Malgré son immense popularité, Zidane n’a jamais accepté d’être récupéré sur le plan politique par les uns ou les autres. Une seule fois, parce que toute la France sans doute était inquiète pour son avenir, il fit une déclaration à la fois étonnante et pleine de courage. C’était en avril 2002, entre les deux tours de l’élection présidentielle, alors que Lionel Jospin (Parti Socialiste) fut écarté du tour final par le leader du Front National un parti xénophobe dirigé par Jean-Marie Le Pen. Sa déclaration relayée par toutes les chaînes de télévision, les radios et les quotidiens disait : « On ne peut pas être content de ce qui se passe. Vous ne m’avez jamais entendu parler de politique. Mais là, ça dépasse la politique, ça touche aux valeurs qui sont celles de la France », explique Zidane, qui ne cite à aucun moment le nom du chef de l’extrême droite française.
Quelques passions cachées
Le cinéma est une passion que Zinédine et Véronique partagent. Son acteur préféré est l’Américain Morgan Freeman, il a avoué récemment avoir bien aimé Million dollar baby de Clint Eastwood. Tout le monde sait aussi qu’un de ses meilleurs amis hors football est le comédien (comique) français d’origine marocaine, Jamel Debbouze, qu’il est fana de la pratique du scooter des mers et qu’il s’intéresse particulièrement à des sports comme le judo (qu’il a pratiqué dans son enfance), le tennis ou la Formule 1.
@Fayçalchehat