Nommé lundi soir à la tête du Real Madrid, le plus célèbre joueur du monde arabe devient à 43 ans l’entraîneur de l’un des cinq plus grands clubs du monde. A partir d’aujourd’hui, retrouvez tout au long de cette semaine l’histoire de celui qui fit gagner la Coupe du monde à la France.Récit.
Pouvait-il finalement rêver d’un tout autre destin ? Lundi en milieu d’après-midi, Zinedine Zidane a été adoubé entraîneur du Real Madrid par Florentino Perez, omnipotent président d’une « maison blanche » qui a les yeux de Chimène pour son Français. Une nomination en grandes pompes, sous les yeux de son épouse Véronique mais aussi de ses quatre fils, tous présents lors de conférence de presse convoquée par le Real, et qui s’est terminée sous les applaudissements. Depuis de très, très longues semaines, l’avenir de Rafael Benitez ne faisait plus aucun doute : nommé l’été dernier en remplacement de Carlo Ancelotti, le technicien espagnol n’est jamais parvenu à faire l’unanimité au sein même du club. Jugé trop « calculateur », infiniment pragmatique dans son approche et presque rigoriste, là où socios et dirigeants attendaient un jeu flamboyant, Benitez se savait menacé depuis la fin de l’automne. Une fois déjà, le nom de Zizou avait été prononcé en novembre, mais le Real avait fini par confirmer Benitez. Zidane, lui, a toujours su qu’un jour il finirait par devenir l’homme fort de ce Real qu’il a conduit, joueur, sur le toit de l’Europe et du monde. C’était le temps héroïque des « Galacticos ».
De 2001 à 2006, ZZ fut l’un d’entre eux. A partir de 2009, il intègre de nouveau le Real, cette fois en qualité de conseiller du président Perez. En 2011, le voici bombardé directeur sportif, successeur de l’immense Jorge Valdano. En 2013, tout en passant un à un ses diplômes, Zidane est nommé adjoint d’Ancelotti. Un an plus tard, il s’assoit sur le banc de la Castilla, la réserve du Real qui évolue en D3 espagnole. Une saison pour apprendre les ficelles du métier de numéro un, qui ne sont pas les mêmes que celles actionnées lorsqu’on est l’ombre du coach principal. Une saison d’apprentissage pour Zizou qui échoue à l’accession pour les barrages qualificatifs pour la montée en D2. Qu’importe, ZZ continue de travailler dans l’ombre du grand Real, et valide en mai 2015 son diplôme UEFA, étape préliminaire à l’obtention de son DEF. Cette saison, Zidane est donc reparti en Segunda B (D3) à la tête de la Castilla. A la mi-parcours (19 journées), l’équipe occupait la deuxième place à quatre points du leader, Barakaldo.Jusqu’à l’appel présidentiel, ce lundi 4 janvier 2016. Alors que radio rumeurs évoquait l’arrivée d’un technicien de l’extérieur pour aider le Real (3e de Liga, soit dit en passant) à revenir à hauteur de l’Atletico Madrid et du Barça, Florentino Perez a, sans surprise, préféré valider la piste interne. S’il n’a encore jamais entraîné au plus haut niveau, pas plus en France qu’en Espagne, Zidane dispose de nombreux atouts au moment de débuter sa mission.
Enumérons-les : il connaît parfaitement la maison Real et le moindre de ses rouages, depuis son arrivée en 2001. Il a l’oreille de son président que l’on sait omnipotent. Il a rôdé sa méthode et son discours pendant une saison et demie avec la réserve. Il bénéficie du plein respect et de la confiance des cadres du groupe, ce qui tranche évidemment avec son prédécesseur que l’on savait en difficultés sur ce plan-là. Zidane a notamment beaucoup contribué à l’arrivée des Français Varane et Benzema, ce n’est pas le moindre de ses atouts. Il a également le soutien des socios du club, qui voient en lui une figure historique capable de relancer une équipe capable de jolis faits d’armes, mais globalement bien moins « glamour » que le Barça.
Figure historique pour les uns, légende vivante pour les autres, héritier d’une Histoire séculaire et d’un savoir-faire dans le jeu, Zidane hérite donc de l’équipe nanti du soutien de ce tous ceux qui comptent dans la Maison Blanche. Et, à l’instar d’un Pep Guardiola lorsque le Barça lui confia l’équipe première, il est passé lui aussi par la réserve pour se faire les griffes avant de gérer le groupe pro. Il lui faudra cependant très vite convaincre : dans le discours et la communication en particulier, un domaine dans lequel il n’excellait pas forcément lorsqu’il était joueur. Il lui faudra aussi rapidement enchaîner des résultats positifs, et gérer une pression qui n’a rien à voir avec le quasi anonymat de la Segunda B. Sur ce plan précis, le Ballon d’or 1998 ne sera nullement surpris. Mais un coach est plus exposé qu’un joueur, quotidiennement épié et discuté par des médias omniprésents. Zidane le sait déjà, il n’a pas le temps. Dans sa philosophie, sa méthode de travail et son discours vis à vis du groupe, il devra poser ses jalons très rapidement. A 43 ans, l’ancien 10 historique des Bleus se soit offrir une opportunité rare : celle de diriger l’un des plus grands clubs du monde pour une première expérience parmi l’élite. Star parmi les stars, il sait parler aux Grands, qu’il s’agisse d’un CR 7 ou d’un Benzema. Aujourd’hui, il va lui falloir en plus s’imposer en tant que meneur d’hommes. En faisant preuve d’autorité, de discernement, de bon sens, entre autres. Et puis, puisqu’il est coach, de flair parfois. Joueur, il était celui qui éclairait le jeu et libérait ses équipes. Toutes choses qui ne peuvent que lui faciliter la tâche pour obtenir l’adhésion d’un groupe qui, on le sait aussi, ne regorge que de grosses personnalités. Premier rendez-vous, ce samedi soir à domicile contre le Deportivo La Corogne…
@Samir Farasha
Mercredi: Zidane, petite histoire d’un grand champion