Blessé à l’épaule lors de la finale de la Ligue des champions remportée samedi soir par le Real Madrid (3-1) aux dépens de Liverpool, l’Egyptien disputera-t-il la Coupe du monde en Russie ? Si oui, dans quel état ?
Les larmes qui ont accompagné sa sortie du terrain de Kiev, samedi soir, ont déjà fait plusieurs fois le tour du monde. On jouait la 26e minute de cette finale de Ligue des champions entre le Real et Liverpool, mais aucun but n’avait encore été inscrit. A cet instant-là, les Reds se montraient même menaçants.
C’était sans compter sans la vilaine faute commise par Sergio Ramos, le capitaine et défenseur des Merengue. Ce dernier attrapait le bras de Mohamed Salah, dans un geste typique chez les judokas, et lui faisait une clé de bras qui précipitait la chute au sol de l’Egyptien, avant de libérer le bras prisonnier. Une faute grave qui aurait mérité un avertissement mais que l’arbitre a superbement ignoré.
Au sol, Salah avait déjà compris la gravité de sa blessure. Ligaments de l’épaule endommagés. Cinq minutes plus tard, le Meilleur joueur africain 2017, meilleur buteur et meilleur joueur de Premier League, qui tombait une nouvelle fois au sol, quittait le terrain en pleurs. Une sortie qui a profondément modifié le scenario de la rencontre et les forces en présence.
Au passage, on a apprécié la présence de son ami Sadio Mané, resté à ses côtés au moment où il quittait le rectangle vert, escorté par l’encadrement médical des Reds. On a aussi observé la tape très amicale et chaleureuse de Cristiano Ronaldo au jeune Egyptien, dans un geste d’empathie qui, s’il n’est pas rare entre joueurs de grand talent, mérite d’être cité.
Affaibli par la sortie de l’homme aux 44 buts cette saison, toutes compétitions confondues, le jeune collectif mis en place par Jürgen Klopp a évidemment souffert, sportivement et moralement, de l’absence du « King Mo ». On connaît la suite : deux erreurs du gardien Karius plus tard et malgré un but égalisateur de Sadio Mané à 1-1, Liverpool a laissé filer le trophée du côté de Madrid.
Très rapidement, l’inquiétude s’est faite jour. Sur les réseaux sociaux évidemment. Un journaliste de la BBC a par exemple annoncé immédiatement le forfait de Salah. Sur la base de quelles informations, alors que le joueur était encore au stade ? Sérieusement touché, l’Egyptien était présent à la remise des médailles. On l’a vu ensuite quitter le stade avec ses coéquipiers l’épaule gauche immobilisée.
Naturellement, Klopp a expliqué que cette blessure était grave. Le joueur a ainsi terminé la journée à l’hôpital à subir des radios pour déterminer la nature exacte de la blessure. Dans la foulée, le médecin de l’équipe nationale égyptienne, le docteur Mohamed Aboul-Ela, après avoir pris connaissance du résultat, s’est déclaré optimiste sur l’éventualité de voir le meilleur joueur égyptien, arabe et africain s’envoler pour la Russie pour y disputer la Coupe du monde.
Et Sergio Ramos, dans tout ça ?
Dans la foulée de ce drame qui a affecté l’Egypte et toute l’Afrique, la plupart des internationaux égyptiens présents en stage au Koweit (ils ont été tenus en échec par leurs hôtes vendredi soir 1-1, NB) ont envoyé un message de soutien à leur ami.
Parmi les personnalités du football égyptien les plus énervées, on a également noté la réaction très virulente de Ahmed Hossam « Mido » : « Quiconque connaît le football saurait qu’il l’a fait intentionnellement » a twitté l’ancien attaquant du Zamalek, de l’Ajax et de l’OM, entre autres.
Forcément, mille questions accompagnent cette blessure. Salah sera-t-il en mesure d’effectuer le stage avec les Pharaons, en route pour la Russie ? Les ligaments de l’épaule sont-ils totalement ou partiellement arrachés ? A priori non. Il s’agirait d’une entorse des ligaments de l’articulation de l’épaule. Cela tordrait donc le cou à la rumeur qui parle d’une clavicule cassée.
L’entorse est-elle soignable dans les vingt jours à venir ? Pour une entorse légère, cela peut nécessiter deux mois. On attend désormais le protocole médical réservé à Salah pour se présenter au mieux de ses possibilités en Russie. Pour rappel, l’Egypte débute sa compétition le 15 juin face à l’Uruguay, certainement son plus sérieux adversaire dans un groupe qui comprend également la Russie, pays organisateur, et l’Arabie Saoudite.
Et Sergio Ramos, dans tout ça ? Rien ou presque. Coupable de vilaines fautes et de simulations tout au long de la rencontre, il est sorti en héros et auréolé d’une nouvelle couronne continentale. Réservera-t-il le même traitement de choc aux attaquants marocains lors de la Coupe du monde en Russie ? On l’imagine mal en tout cas faire de même avec Cristiano Ronaldo quand l’Espagne croisera le Portugal au premier tour.
Disons-le tout net, la responsabilité de l’arbitrage est, à nos yeux, engagée, samedi soir à Kiev. Comment le Serbe Milorad Mazic a -t-il pu ignorer la prise de judo de Ramos sur Salah, aux lourdes conséquences ? Puis tomber dans le panneau en donnant un carton jaune à Sadio Mané en seconde période sur une pseudo faute commise sur le même Ramos ? Au ralenti, on voit nettement qu’il n’a pas été touché et feint l’agression par derrière…
Allez, on espère tous que Mohamed Salah, le leader de cette équipe d’Egypte de retour en Coupe du monde vingt-huit ans après sa dernière participation, en Italie, sera bien présent aux côtés de ses coéquipiers pour porter les Pharaons vers une qualification en huitièmes de finale. On y croit.
Certes, le temps presse et la pression va être autant sur ses épaules que sur celles des gens de l’encadrement médical. Il s’agit désormais de gérer, sans paniquer, une situation qu’on craignait tant ces dernières semaines. Difficile d’être démesurément optimiste : le joueur, même s’il est « réparé » à temps, restera diminué forcément. Prendra-t-il le risque d’aller au Mondial, ou bien renoncera-t-il, en mesurant la gravité de sa blessure ? On en saura certainement plus dans les jours à venir…
@Samir Farasha