A 37 ans, l’inoxydable avant-centre camerounais découvre depuis vendredi dernier la QSL qatarienne alors qu’il était pressenti en L1 française. L’enfant de Nkon, qui est déjà arrivé dans son 14e club, ne semble pas désireux de s’arrêter…
Il y a quelques jours encore, alors qu’il s’épanchait sur la radio française RFI, Samuel Eto’o Fils paraissait tout proche de s’engager avec une formation de ligue 1 française. Nîmes et surtout Saint-Etienne étaient sur les rangs, entre autres. L’affaire n’était pas dans le sac mais on se disait que peut-être, un moment d’histoire était tout proche.
Mieux, le petit monde du football africain -et camerounais- d’imaginer les grands débuts de ce grand supporter du PSG dans le championnat de France, lui qui n’a jamais porté les couleurs d’un club de l’Hexagone dans toute sa (longue) carrière même si Lyon, au début des années 2000, aurait bien aimé le faire signer alors qu’il jouait en Liga avec Majorque.
Depuis quelques heures, cette hypothèse n’a plus aucune raison d’être. Eto’o Fils a décidé de rejoindre la très lucrative QSL qatarienne et s’est engagé au Qatar SC pour dix mois. Libre de tout contrat après que Konyaspor (D1 Turque) l’ait libéré de sa deuxième et dernière saison au motif que le joueur n’aurait pas accepté une diminution sensible de ses émoluments.
Du coup, Eto’o n’a pas tergiversé longtemps devant les 5 millions d’euros offerts par le club qatarien (500 000 euros mensuels). Dans la foulée de sa signature, Eto’o a été, sans surprise, promu capitaine de ce club peu huppé. Rappelons que le Qatar SC a bouclé le dernier exercice à la huitième place sur un total de douze équipes…
Il s’agit là du énième rebond d’une carrière qui a conduit le prodige camerounais, quatre fois désigné meilleur joueur africain de l’année, de l’Espagne (Real Madrid, Leganes, Espanyol, Majorque, Barcelone) à l’Angleterre (Chelsea, Everton) en passant par l‘Italie (Inter Milan, Sampdoria), la Russie (Anji Makhatchkala) ou encore la Turquie (Antalyaspor, Konyaspor).

Naturellement, ce départ pour le richissime championnat du prochain organisateur de la Coupe du monde ressemble un peu au chant du cygne : à 37 ans, et même s’il avait inscrit 20 buts en 2017 avec Antalyaspor en championnat, Eto’o n’a plus vraiment la vitesse de ses vingt ans. Son adresse devant le but reste exceptionnelle et il n’a souvent besoin que de peu de ballons pour cadrer et marquer.
Mais Eto’o, qui fait partie des légendes du football africain, va retrouver au Qatar d’anciens coéquipiers du Barça, Xavi (Al-Sadd) ou encore Sneijder (Al-Gharafa) considérés eux aussi en préretraite. La durée du contrat (10 mois) autant que le montant du salaire étaient à l’évidence de nature à le convaincre de tenter pour la première fois sa chance dans le Golfe, là où son grand rival des années 2000, Didier Drogba, avait opté pour la MLS nord-américaine.
Depuis quelques heures, les photos de son arrivée à Doha et sa signature, maillot 81 (l’année de sa naissance) en main et aux côtés de Sheikh Jassim Bin Hamad al Thani, son président, circulent sur les réseaux sociaux. Abdullah Mubarak, le coach du club qui a remporté le championnat pour la dernière fois en 2003, s’est évidemment réjoui de l’arrivée du goleador multiple vainqueur de la Ligue des champions, mais aussi de la CAN et des Jeux olympiques.
Le nouveau club d’Eto’o occupe la cinquième place du championnat après les deux premières journées : il a battu Al-Gharafa 3-1 avant de s’incliner 2-0 contre le Ahly local. L’actuel meilleur du club est l’Irakien Hussein Ali avec deux buts. Eto’o a déjà disputée perdu son premier contre Al-Sailiya (0-2) lors de la troisième journée disputée vendredi.
Après avoir surpris tout son monde en prenant le contrepied de ceux qui l’attendaient encore en Europe et possiblement en France, Eto’o aura certainement à cœur de démontrer qu’il reste l’un des tout meilleurs attaquants de l’époque contemporaine. Sa souplesse de cheville légendaire, son coup d’œil et ses accélérations ont toujours fait des ravages. Il devrait encore impressionner des adversaires plus jeunes mais moins expérimentés que lui.
C’est assurément un sacré coup de pub et d’éclairage pour la QSL et le Qatar 2022, quand bien même le joueur n’est plus au sommet de sa carrière. On suivra évidemment ses premiers pas dans le championnat qatarien qui compte déjà de sacrées pointures en matière d’attaquants : l’Algérien Bounedjah (Al-Sadd), le Marocain Youssef El-Arabi (Al-Duhail), Sneijder (Gharafa) et bien entendu, le jeune talent local, Akram Afif (Al-Sadd) passé en Europe (AS Eupen, Gijon) avant de rentrer au pays.
On l’a compris, la bataille des buteurs ne fait que commencer ! Et même si Bounedjah a pris une énorme avance (10 buts en deux matches !), quelque chose nous dit que Eto’o devrait se mêler très vite à la danse. On parie ?
@Samir Farasha