Arrivé sur le banc du Club Africain l’été dernier, le technicien français s’est parfaitement fondu dans le championnat tunisien, dont il occupe la tête avec la formation tunisoise.
« Daniel Sanchez bonjour, comment vivez-vous cette campagne avec le Club Africain de Tunis ?
Globalement, les résultats sont bons et ça aide beaucoup. A partir du moment où on est en tête, ca facilite les choses ! Il y a une grosse attente par rapport au CA, la pression est terrible !
Où situez-vous le championnat tunisien, vous qui venez de L1 française ?
C’est un championnat d’un bon niveau, il faut se battre chaque dimanche pour obtenir un résultat. Il y a des travers pénibles cependant. Je savais en venant ici qu’il pourrait y avoir des problèmes de cet ordre (arbitrage, violence, NDLR). C’est difficile au niveau arbitral, les arbitres subissent une grosse pression eux aussi. Je ne maîtrise pas tout mais à chaque fois, je me demande comment ça va se passer.
Que voulez-vous dire ?
Il y a des décisions parfois surprenantes. Alors, quelquefois on les subit, et d’autres fois, elles sont en notre faveur. Mais tout ça manque de sérénité. C’est toujours embêtant, le climat pourrait être plus apaisé. L’autre bémol, ce sont les terrains. IL y en a une demi-douzaine qui sont vraiment catastrophiques.
Votre club occupe la tête du championnat depuis quasiment le début. C’est une course au titre compliquée ?
On est aux deux-tiers du championnat et jusque là, les choses se sont bien passées. On n’a jamais quitté les deux premières places, on a dû passer 16 ou 17 journées en tête. Rester devant n’est pas facile, il faut tenir le rythme. Mais ma satisfaction vient du comportement de l’effectif et de son investissement. Le club possède un potentiel très intéressant, il y a des structures à améliorer par rapport à la formation, où travaille Jean-Luc Ruty.
Au niveau effectif, vous n’avez pas recruté cet hiver…
Il nous manque un attaquant style buteur des surfaces. On est certes la meilleure attaque du championnat mais on devrait inscrire plus de buts encore. On finit des matches avec des scores étriqués parce qu’il nous faut un finisseur. On a des joueurs de talent dans ce secteur, avec Djabou, Tijani Belaïd, Saber Khelifa. Mais ce « tueur » des surfaces nous fait défaut.
Pourquoi ne pas avoir recruté dans ce secteur alors ?
On voulait régler ce souci en janvier au mercato mais pour des raisons internes, ça n’a pas été fait… Pourtant, on s’était penché sur quelques dossiers. C’est dommage. Il faut absolument que le CA se renforce dans ce domaine.
« L’objectif numéro un, c’est le titre de champion »
Après une demi-saison en Tunisie, vous appréciez cette expérience loin de chez vous ?
Je n’ai aucun regret d’être venu ici. Je travaille dans des conditions correctes, et on me laisse travailler. Il n’y a aucun problème d’ingérence et c’est très important à mes yeux. Parfois, on subit la pression médiatique, le moindre truc est disséqué. Il faut avoir une bonne carapace mais on s’adapte à ce genre de choses !
Sportivement, vous êtes encore en lice sur tous les tableaux, c’est appréciable !
Oui, on a un challenge intéressant : en tête en championnat, en huitième de finale de la Coupe et on va entrer en Coupe d’Afrique contre les Nigérians de Dolphins. Ce sont des compétitions qui peuvent nous faire grandir. La seconde partie de la saison est plus dense que la première, ce sera plus compliqué sur le plan de la gestion de l’effectif. L’objectif premier reste bien entendu le titre de champion. Le risque, avec la Coupe d’Afrique, c’est de laisser filer de l’énergie dans les déplacements.
Réaliser un bon parcours sur le plan africain est-il un challenge important pour vous ?
Je ne connais pas exactement le niveau de la compétition africaine. En revanche, je sais que supporters et dirigeants veulent aller le plus loin possible. Au CA, il faut toujours gagner.
Il y a quelques mois, vous avez vécu votre premier derby contre l’Espérance (2-2, 24 décembre 2014)…
Oui, c’était à Radès dans une superbe ambiance. On a mené 2-0. Et puis, à un certain moment, on joue à dix contre onze, et l’Espérance revient à 2-1, sur une erreur défensive. Ils ont poussé dans les dix dernières minutes et égalisé. Il y a eu un peu de regret par rapport à ce résultat.
Il y a quelques jours, vous avez affronté le CS Sfaxien (1-1)…
Ca a peut-être été le meilleur match de la saison, avec beaucoup d’intensité. Comme je l’ai déjà dit, il nous a manqué de l’efficacité, on a manqué deux ou trois occasions de s’imposer, mais c’était agréable.
On le voit chaque semaine dans le championnat tunisien, il est parfois, souvent même, difficile d’être entraîneur de façon durable…
Clairement, le statut d’entraîneur en Tunisie est plus que précaire. 80% des équipes au moins ont changé au moins une fois d’entraîneur depuis le début de la saison. L’exigence par rapport aux résultats est terrible ! Alors, on s’accroche. Moi, je zappe complètement les journaux. Je ne me concentre que sur le terrain et mon équipe.
Vous évoquiez le rôle de Jean-Luc Ruty à la formation. Faites-vous appel à de jeunes joueurs ponctuellement ?
J’ai cinq ou six jeunes dans l’effectif, quelques-uns sont issus de la formation, ils ont 18-19 ans. Je n’ai pas eu l’occasion de les faire jouer durant la première moitié de la saison. Mais ça bosse bien, il y a de l’avenir. J’en ai pas mal qui sont allés en sélection olympique. Je les ai vu aussi en matches de préparation, pendant la dernière CAN. On a affronté des équipes comme l’USM Alger ou des clubs libyens.
Les clubs libyens sont très présents en Tunisie, compte tenu de la situation précaire qui prévaut sur place…
Ils sont souvent sur Tunis, quand ils ne font pas des tournées dans les pays du Golfe. Ils doivent aussi jouer leurs matches africains en Tunisie. J’ai ainsi affronté les équipes de Pierre Lechantre et de Ruud Krol, qui fut mon coéquipier à Cannes il y a bien longtemps ! »
@Samir Farasha