C’est officiel depuis quelques jours : le club Sedan Ardennes (CSSA) pensionnaire de National a pour actionnaire le neveu du Roi d’Arabie Saoudite et travaille sur des partenariats prestigieux. Récit.
Samedi dernier, dans la salle de presse du stade Louis-Dugauguez de Sedan. Plusieurs dizaines de journalistes, caméras en tête, quelques édiles et responsables locaux, comme le maire Didier Erbillon. Et tout l’état-major du CS Sedan Ardennes, conduit par le binôme présidentiel Gilles et Marc Dubois. A leurs côtés, un homme élégant, le Prince Fahd bin Khalid Faisal, neveu du roi d’Arabie saoudite. Costume trois pièces gris, fine moustache, le jeune trentenaire est venu annoncer qu’il entrait dans le capitale du club, ancien pensionnaire de Ligue 1 relégué administrativement en CFA2 en 2013, mais remonté deux fois depuis. Un club historique pour le football français, qui souhaite fêter son centenaire (2019) avec le statut pro.
Le moment est historique pour les dirigeants du club, qui ont eu droit pendant des mois aux moqueries et aux interrogations de Sedanais incrédules, par rapport au projet annoncé et à l’arrivée supposée du neveu du roi d’Arabie saoudite. Des mois de travail, pendant lesquels il leur a fallu crédibiliser leur dossier : « Notre projet est marqué par deux termes : cohérence et ténacité », a expliqué Gilles Dubois. « C’est effectivement une journée historique pour le CSSA et les Ardennes », a ajouté, ému, cet ancien joueur du club, dont il a porté les couleurs jusqu’en D3.
Très symboliquement, les frères Marc et Gilles Dubois, businessmen ardennais qui ont repris le club en août 2013, ont nommé le Prince Fahd, avec lesquels ils ont commencé à nouer les premiers contacts il y a un an à peine, président d’honneur du CSSA. Abdallah Amraddouch, partenaire du Prince via son entreprise, la Fresaco, précise : « Contrairement à ce qui a été écrit, cela ne remonte pas à 30 mois mais à décembre 2014. Il a fallu bâtir un dossier solide pour présenter au Prince un projet concret. » Très vite, ce dernier a expliqué que le projet qui le liait au club avait plusieurs axes : économique, social et sportif bien entendu. « C’est le début d’un nouveau Sedan. Nous voulons investir 50 à 60 millions d’euros sur le projet de centre de formation international » a révélé Fahad, « un centre qui accueillera éducateurs et jeunes d’autres pays ».
Plusieurs centres ou académies liées au CSSA devraient ainsi voir le jour dans des pays où le Prince a des intérêts particuliers, comme le Sénégal, le Maroc et bien entendu l’Arabie Saoudite. Les frères Dubois, en écho au Prince, ont par ailleurs expliqué que les futurs élèves du centre seront sensibilisés à la bonne hygiène de vie. Un centre touristique axé sur la balnéothérapie devrait aussi voir le jour du côté de Montvillers, sur les installations actuelles du club. Le volet économique consiste en l’établissement d’une passerelle pour l’accès à des marchés étrangers entre le Club Ardennes, qui réunit des investisseurs locaux, et l’Arabie saoudite, via le réseau du Prince Fahd.On a senti le nouveau président d’honneur un peu irrité lorsqu’un journaliste a comparé son arrivée et son investissement à celui du Qatar avec le PSG. « Je n’aime pas les comparaisons, a-t-il tenu à se démarquer. Nous avons notre stratégie, ils ont la leur ». Une façon de rappeler aussi que l’investissement consenti est le sien, pas celui de son pays.
Si le Prince a fait savoir qu’il ne souhaitait pas, dans l’immédiat, injecter des moyens supplémentaires dans les caisses du club, actuellement classé dans la deuxième moitié du National (11e), il a précisé que tout dépendrait aussi du statut sportif du club la saison prochaine. Sedan a d’ores et déjà frappé un grand coup sur le plan médiatique en recrutant l’ancien sélectionneur des Bleus, Roger Lemerre (74 ans), vainqueur de la CAN avec la Tunisie en 2004 et dont la dernière mission, sur le banc de l’Etoile du Sahel, l’avait conduit à la victoire en Coupe de Tunisie 2014. Une arrivée évidemment validée par le Prince, qui a rencontré Lemerre dans les salons du club, l’autre samedi.
Alors que le club cherche évidemment à retrouver au plus vite le niveau professionnel, le nouveau président d’honneur a adressé un message rassurant au club et à ses acteurs, les joueurs : « La patience est tout dans la vie : notre objectif est de consolider les structures du club, pour un avenir durable. On n’attend pas de feux d’artifice dans l’immédiat. Même s’il n’y a pas de montée rapide, on ne nous effraiera pas comme ça ! » De quoi travailler un peu plus sereinement pour aider le CSSA à revenir dans le giron pro d’ici trois ans, une échéance qui paraît à sa portée : la venue d’un actionnaire aussi important, conjuguée à la présence de Roger Lemerre, un technicien chevronné, est de nature à favoriser l’arrivée, non pas de mercenaires, mais de bons joueurs ayant envie de s’investir dans ce projet.
Cette semaine, les frères Dubois ont pris la direction du Brésil, qui constitue l’autre axe géographique du projet. Ces derniers ont en effet tissé de fructueux contacts avec le club carioca de Flamengo et devaient finaliser dans les prochains jours un partenariat inédit avec le club d’un certain Zico. Sera-t-il basé sur des échanges avec les éducateurs, favorisera-t-il la venue de jeunes Brésiliens dans les Ardennes ? Rien n’a encore filtré. Ils ont également rencontré le grand Pelé et son fils Edinho, qui devraient prendre part au projet international.
Le Prince Fahd, qui dit être tombé sous la charme de la région et de la ville, suivra l’évolution du dossier à distance, via les présidents Dubois et ses mandataires locaux. Il a aussi promis de revenir assister à des matches en famille. « Je respecte l’identité du club et je me sens déjà un peu faisant partie de cette communauté, alors que ce n’était que ma deuxième visite ». Ces prochaines semaines et mois, 2022mag se fera évidemment l’écho, régulièrement, du développement de ce projet original.
@Samir Farasha