C’est loin des strass et paillettes, à Malines, un club belge convivial, que le talentueux attaquant Sofiane Hanni est en train de se faire un nom et une réputation. Il ne pouvait donc pas échapper aux radars de l’équipe d’Algerie dont le sélectionneur ne devrait pas tarder à lui donner sa chance. Portrait d’un talent tranquille à l’ambition assumée.
L’anecdote est sympathique, ou pas, car elle dit quelque chose de notre époque. Celle de l’accélération de la diffusion de l’information par le truchement du numérique. On peut ainsi être le principal intéressé d’une bonne nouvelle et l’apprendre après tout le monde via Facebook. C’est la façon dont Sofiane Hanni, attaquant du FC Malines, fût informé de sa convocation en mars prochain pour un stage avec les Fennecs. « Je n’étais pas au courant. Ce sont des Algériens sur les réseaux sociaux qui sont venus me féliciter, se réjouit le futur international. C’était un objectif depuis que je suis jeune. J’ai toujours eu beaucoup d’ambition. Avoir des rêves et pouvoir les réaliser sont deux choses complètement différentes ». Et de tempérer sa joie : «Ce qu’a dit Mr Raouraoua me fait plaisir. Mais tant que je n’ai pas la convocation sous les yeux, je ne m’enflamme pas. Le jour où je l’aurais, je pourrais savourer ». L’annonce officielle de sa sélection en avait été faite le 9 janvier dernier par le président de la Fédération algérienne de football (FAF), lors d’un point presse, avant d’être reprise de manière virale sur internet.
« Le plus important n’est pas le club où l’on est mais ce que l’on y fait sur le terrain »
Ce nouveau chapitre dans la carrière du joueur est loin d’être immérité. Il vient tout simplement récompenser un excellent début de saison. En effet, le Malinwa (surnom des joueurs du club en flamand) figure parmi les révélations du championnat de Belgique avec dix réalisations en vingt trois matches. Une belle performance quand on sait que son poste de prédilection est davantage en soutien du numéro 9. « Mon objectif n’est pas de terminer meilleur marqueur mais d’aider l’équipe à chaque match tout en donnant le meilleur de moi même», confie-t-il en toute humilité. Cette progression n’a d’ailleurs pas échappé à Yazid Mansouri qui le suit depuis 2014. L’adjoint de Christian Gourcuff a eu, à quelques reprises, le futur Vert au téléphone pour faire le bilan de son jeu et l’instruire des attentes du sélectionneur national. Mais avant de connaître les prémices d’une reconnaissance, la trajectoire du natif de Vitry ne fût pas linéaire. Arrivé à l’âge de quatorze ans au FC Nantes en 2005, en provenance du club amateur d’Ivry, le Francilien fera toutes ses gammes en équipes de jeunes du coté de la Chapelle sur Erdre. Malheureusement pour l’aspirant professionnel, la porte de l’équipe première s’entrouvrira à peine. Au total, le Canari ne fera que quatre apparitions avec les seniors.La faute à une politique sportive qui ne s’appuie pas sur les jeunes formés en interne, et à une instabilité dans le management du club.
En 2012, l’envie d’un départ s’imprime dans l’esprit du joueur. Son choix est acté. Il ira voir ailleurs si le rectangle est plus vert. Le PSG le sollicite alors pour intégrer son équipe réserve qui joue en CFA (quatrième division).Le milieu offensif préfère décliner l’offre. Il choisit alors l’exil dans le championnat de Turquie. C’est en ligue 2 avec le club de Kayseri Erciyesspor que le franco-algérien découvre le haut niveau et ses chaudes ambiances dans les tribunes. Une petite année en Cappadoce. Puis un départ, en 2013, pour Ankaraspor, le club de la capitale qui évolue également en seconde division.
Le joueur n’y restera qu’une saison avant de répondre favorablement aux sirènes du FC Malines. Une décision judicieuse qui lui permettra de sortir un peu de l’anonymat et de se frotter à un football plus compétitif. Deux univers complètement différents mais assez complémentaires. « En Turquie, c’est basé sur la technique. Il y a une passion « fanatique » des supporters, reconnait le milieu de terrain. Dans le championnat belge, il faut répondre présent physiquement. Cela demande beaucoup d’efforts. C’est également un peu plus tactique ». C’est dans cette ville de Flandres, à quelques encablures de Bruxelles, qu’il y découvrira les liens uniques qui unissent le club à ses fans. Une relation particulière qui trouvera sa concrétisation en 2002. Cette année là, l’institution sportive est mise en liquidation judiciaire suite à des erreurs de gestion. Pour ne pas voir disparaitre leur club centenaire, dont la naissance remonte à 1904, les fidèles supporters n’hésiteront pas à mettre la main à la poche en investissant 1000 euros chacun pour sauver leur « dulcinée ». Pari réussi. L’équipe sera reléguée. Elle ne prendra pas cependant de licence en ligue 2 préférant repartir à l’échelon inférieur en tant qu’amateur. Ce n’est qu’en 2007 que le dernier club belge à avoir gagné une coupe d’Europe (la coupe des coupes en 1988) retrouvera sa place parmi l’élite. C’est dans cet environnement de club « familial et supporter» que le flamand d’adoption va s’épanouir. Il y acquerra un début de notoriété qui dépasse désormais les frontières du plat pays. Mais Le Sang et Or, dont le contrat court jusqu’en 2017, ne compte pas s’arrête en si bon chemin. A 25 ans, l’enfant du quartier Robespierre de Vitry, nourrit des objectifs bien plus élevés. « La Belgique est un bon tremplin. C’est la raison de mon arrivée ici. Même si je me sens bien à Malines, j’ambitionne d’aller plus haut », précise-t-il. Au sein d’un effectif belge plus huppé ou dans un championnat d’un autre standing mais toujours avec l’envie d’être utile. « Le plus important n’est pas le club où l’on est mais ce que l’on y fait sur le terrain. Cela ne sert à rien d’être au Real et de ne pas y jouer. Je préfère être titulaire et faire du bon boulot.Il faut avoir du rythme car quand la sélection fait appel à vous, il faut pouvoir répondre présent de suite. Il n’y a pas de temps d’adaptation », analyse le Malinois. La bonne nouvelle, récemment venue d’Alger, apparait donc comme une belle opportunité à saisir. Une apparition convaincante sous le maillot des Fennecs pourrait offrir au goleador une plus grande visibilité. Elle pourrait alors faire basculer son destin dans la première partie de tableau…
@ Nasser Mabrouk