Le 05 février 2019 le stade Vélodrome a sonné creux pour la réception de Bordeaux. La faute a un huis clos qui a privé les supporters marseillais d’une des affiches du championnat de France. L’âme d’une enceinte ce sont ces fans. Sans eux point d’animation. Sans animation, point de passion. Pour nous aider à mieux comprendre l’univers de ceux qui ne comptent pas leurs heures pour supporter leur équipe favorite, les éditions Amphora ont publié l’indispensable Supporters. Une plongée d’une année (2017/18) des journalistes Frédéric Scarbonchi et Christophe-Cécil Garnier au sein des tribunes des équipes de Ligue 1, et de Lens. D’emblée, les auteurs précisent que ce sont surtout les populations, ultras comme supporters lambda, plus que l’histoire des enceintes, qui sont l’objet de l’opus.Rarement le quotidien de ces fidèles anonymes n’avait été aussi bien relaté. Ainsi à la lecture de l’ouvrage, on touche du doigt une réalité que la grande majorité des amateurs de ballon rond ignore. « Il y a toujours eu deux voies d’accès privilégiés au mouvement ultra: la voie familiale et amicale », précise le sociologue Nicolas Hourcade.
Le succès des mouvements de supporters tient à l’esprit de camaraderie et à l’appartenance à une communauté de valeurs. On découvre ainsi que ce monde méconnu peut avoir un fort impact sur la vie sociale des meneurs et que les codes et le sens de la hiérarchie sont bien ancrés. Ainsi le nouvel arrivant dans les gradins doit faire ses preuves (nettoyage, rangement des banderoles, participation au déplacement…) avant de prétendre à un rôle plus engagé dans le futur. Au delà de l’animation d’un kop, les Ultras veulent également être pris en compte en tant que composante sociale de la vie des clubs qu’ils soutiennent. Le foot business, les interdictions de stade, la politique sportive ou commerciale sont des domaines qu’ils ne veulent pas réservés. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à revendiquer une forme de désobéissance civile face aux contraintes imposées par la Ligue de Football professionnelle ou par les autorités publiques. Cette forme de violence, parfois assumée, n’est pas sans conséquence sur l’image néfaste que peut en avoir le grand public. Celle-ci est d’autant plus dégradée que les relations avec les médias ne sont pas au beau fixe. La riposte des fans ne s’est pourtant pas faite attendre. Désormais, chaque groupe ultra fait appel aux services d’ avocats pour défendre ses intérêts. En résumé, cette structuration du mouvement supportériste prouve que les fans sont bien plus matures et qu’ils sont désormais bien installés dans le paysage footballistique
@Nasser Mabrouk