C’est l’histoire d’une interview débutée la saison passée, et que l’on a terminé seulement ces derniers jours. Entre temps, l’interviewé a été relégué malgré une douzaine de buts et a changé de pays.
Mais il a accepté de nous livrer la suite de son histoire. Un destin qui le lie au football arabe puisqu’il a longuement évolué en Botola marocaine, dans deux clubs, avant de partir au Soudan, puis de rebondir une saison au Koweit. Avant d’atterrir cette saison en Arabie saoudite.
A bientôt 32 ans -il les fêtera le 1er septembre prochain- Tony Edjomariegwe, également connu en tant que Tony Edjos, a démarré au Nigeria (Nasarawa United, Kano Pillars) où tout a commencé pour lui sur la scène africaine. Le reste est son histoire…
» Tony bonjour ! Dites-nous, dans quelles circonstances avez-vous rejoint le Maroc et l’Olympique Safi (OCS) en 2015 ? Jusqu’alors vous évoluiez à Kwara Utd, Shooting Stars Ibadan, Nasarawa Utd, et Kano Pillars…
En 2015, nous avons joué avec les Pillars en CdC africaine contre le MA Tétouan. Après ce match, le coach du MAT m’a contacté via mon agent afin que je rejoigne.
Mais pas au MAT qu’il a quitté, plutôt pour rejoindre l’OCS. Ca a été le début de ma carrière marocaine ! Et j’y suis resté pendant deux ans et demi, avant d’aller justement au MA Tétouan.
Comment s’est passée cette entrée en Botola ?
Honnêtement, les six premiers mois ont été très difficiles, notamment concernant la langue.
J’avais du mal à m’intégrer, le style de jeu était très différent de ce que j’avais connu. Le climat aussi, car il faisait très froid.
Ca m’a pris des mois à m’adapter. Mais peu à peu, je me suis habitué. Et les coachs qui sont arrivés après à l’OCS jouaient à peu près de la même façon, donc c’était bon pour moi.
Qu’avez-vous appris tout au long de ces années au Maroc ? Parlez-nous de cette expérience…
Forcément, ça a été une expérience possible. Découvrir un nouveau pays, des nouveaux coachs, j’ai découvert un autre type de foot. J’ai découvert une nouvelle approche du jeu.
Je me suis adapté à tout ça. Le climat, la langue, la mentalité. J’ai passé 3 ans et demi à l’OCS (2015-19). C’était positif et ça m’a permis de grandir sportivement et humainement.
J’ai appris un peu l’arabe sur place et je suis capable de comprendre aussi le français, et même l’espagnol ! Il fallait pouvoir communiquer avec les coéquipiers les amis, etc.
Après OCS, vous êtes parti dans un plus grand club marocain, le MA Tétouan. Qu’est-ce qui vous a fait rester au Maroc plutôt que de partir (2019-21) ?
C’était un moment de ma vie où je voulais me stabiliser, dans ce pays et dans ce championnat.
Donc j’ai opté pour le MAT plutôt que de partir ailleurs, hors du Maroc. Mais il a fallu travailler dur là-bas.
C’est un coin du Maroc où l’on ne parle pas du tout français, seulement arabe et espagnol.
Donc j’ai appris l’espagnol un peu. Ca m’a amélioré sur le plan professionnel. A l’arrivée, j’ai fait le bon choix, c’était la meilleure option pour moi.
Après le MAT, vous choisissez de changer de direction en allant au Soudan. Et vous rejoignez Merreikh of Omdurman pour jouer la Coupe d’Afrique…
Oui, je suis parti à El-Merreikh. J’avais besoin de retrouver les compétitions continentales. C’est une scène formidable pour un joueur.
J’ai opté pour ça, plutôt que de rester dans un championnat trop longtemps. Merreikh est un club réputé, que je connaissais bien avant de faire carrière. Je les ai rejoints en cours de saison.
A peine arrivé, j’ai découvert que sur le plan de l’organisation, il y avait des problèmes en interne. Imaginez, on avait deux présidents en même temps, deux comités !
Ce sont ces disputes qui ont affecté l’équipe et le groupe négativement.
On a disputé la phase de groupes de la Ligue des champions d’Afrique, malheureusement on n’a pas été loin.
Sur le plan personnel j’ai tout donné mais on n’est pas sortis des groupes. Mais c’était quelque chose de formidable sur le plan personnel de connaître un pays une culture.
Je m’explique : quand j’étais au Maroc, je pensais qu’il n’existait qu’une seule sorte d’Arabes.
J’ai découvert que ce n’était pas le cas, une fois au Soudan. Ils sont très chaleureux et adorent le football. Ils sont passionnés. Donc une expérience positive qui me restera à jamais.
Je ne suis pas resté plus d’une saison et demi au Soudan et à Merreikh. En juillet 22 je suis reparti. J’avais besoin de changer encore. Et puis les problèmes internes au club me prenaient la tête. Cette désorganisation, cette lutte pour le pouvoir…
Cela vous a affecté au point que vous avez voulu partir rapidement. Mais les choses se sont compliquées…
Si j’étais resté, j’aurais vécu de nouveau tout ça. Donc, partir était pour le mieux. Au début, je me disais : prolongeons. Et puis lorsque la situation s’est vraiment détériorée, j’ai préféré quitter.
Sauf qu’Ils ne voulaient pas me laisser partir alors que je m’étais déjà engagé ailleurs. Merreikh m’a finalement libéré, j’avais d’ailleurs signé sur place pour mon nouveau club.
Là, vous rejoignez le Koweit et Al-Tadamon. A l’issue de cette saison 2022-23, vous avez pourtant été relégué, malgré un exercice plutôt bon vous concernant…
Ca s’est très mal terminé avec cette descente, ça m’a attristé. On avait de bons joueurs. Mais on n’a pas fait ce qu’il fallait. Une forme d’instabilité en interne a précipité notre destin. On n’est jamais parvenus à sortir de cette zone.
De mon côté, j’ai atteint mon objectif en inscrivant 8 buts durant la saison régulière puis trois en play-offs pour la relégation.
J’avais la possibilité de rester au Koweit mais je voulais découvrir un autre championnat. Donc je suis parti en Arabie saoudite.
Où vous avez rejoint Kawkab FC, un club du troisième niveau national…
J’ai atterri effectivement là-bas. On a terminé la saison au cœur du classement. A titre personnel, j’ai dû inscrire une demi-douzaine de buts et délivrer 8 à 10 passes décisives. Ce n’était pas ma meilleure saison ! Mon contrat est désormais terminé et je suis rentré au pays pour être auprès de ma famille.
Quelle suite comptez-vous donner à votre carrière maintenant ?
Comme je l’ai dit, je me ressource auprès des miens au Nigeria. Je me prépare pour un prochain challenge. Mais je n’ai absolument aucune idée d’où j’irais prochainement, du continent ni même du pays. J’espère pour le mieux.
Pour terminer cet entretien, comment imaginez-vous votre avenir post football, après la carrière de joueur ?
Déjà, j’aimerais continuer encore quelques saisons comme joueur, trois ou quatre ans. Je ne me vois pas nécessairement continuer dans ce milieu, en tout cas pas comme entraîneur !
Peut-être comme agent ou dirigeant dans un club, comme directeur sportif ou administrateur, mais pas full time.
J’ai lancé une société de construction, je suis dans le milieu de l’immobilier.
Donc si je reste dans le football, et quelle que soit la forme, ce sera à mi-temps. Entraîneur, c’est forcément du plein temps !
Je veux faire quelque chose d’autre dans la vie, vivre une autre expérience.
Par ailleurs, je veux passer du temps avec ma famille. Et ça, comme coach, c’est très compliqué « .
Propos recueillis par @Frank Simon