La bonne nouvelle à l’issue de la phase de groupes, c’est que les deux équipes arabes engagées dans la compétition, Tunisie et Algérie, sont encore en vie. Chacune s’en est tirée à sa manière.
Après avoir flotté un peu lors du premier match contre le Cap Vert (1-1), un adversaire quei ne lui a pas beaucoup réussi ces dernières années, la Tunisie s’est rassurée face à la Zambie (2-1) avant de réaliser sans doute son meilleur match contre la RD Congo (1-1). Un match qu’elle a souvent eu l’occasion de tuer grâce aux rushs de Chikhaoui, étincelant, de Khazri, égal à lui même, et de Ahmed Akaichi, auquel il n’a manqué qu’un zeste de finition pour doubler voir tripler la mise. Mais c’est sans doute le prix à payer à la jeunesse et à l’inexpérience des grands matchs. En clair, les Aigles de Carthage ont été égaux à eux mêmes. Très solides derrière, grâce notamment à un Aymen Abdennour revenu à son meilleur niveau celui qu’il avait quand il sécurisait la défense de Toulouse, dense au milieu et technique devant. Cela dit, il faut relativiser la performance des hommes de Georges Leekens, car le groupe B n’était pas le plus redoutable, comparé au groupe C, celui de l’Algérie, et au groupe D, celui de la Côte d’Ivoire. A sa décharge, la Tunisie, souvenez-vous, avait mangé son pain noir dans les éliminatoires où elle avait affronté le Sénégal, l’Egypte et le Botswana. Ce qui ne l’avait pas empêché de finir invaincue et première de sa poule.
Mais à partir des quarts de finale, c’est une autre épreuve qui commence. Car c’est la première porte avant de toucher le Graal. En héritant de la Guinée Equatoriale, les coéquipiers de Saihi n’ont pas été gâtés. Non pas que les Equato-Guinéens soient des foudres de guerre, mais parce que cette équipe va jouer le match de son histoire devant son public de braise. Déjà en 2012, ils avaient chahuté la Zambie à ce même stade de la compétition avant de tomber avec les honneurs.
De son côté, l’Algérie a fait passer ses fans par tous les états. D’abord un match totalement fantasque contre l’Afrique du Sud. Un match saucissonné en trois morceaux. Une maîtrise collective dans les trente première minutes, une chute dans le précipice au début de la deuxième période symbolisée par l’ouverture du score sud-africaine. Un ascendant qui aurait pu se concrétiser par deux ou trois buts supplémantaires pour les Bafana Bafana. Puis, la reprise en main des affaires par Slimani et ses amis. Un changement de vitesse qui a littéralement renversé les hommes de l’orgueilleux Shakes Mashaba. Cette victoire par KO, pour une équipe envoyée à plusieurs reprises au tapis, relevait du miracle que seul le football sait offrir. Face au Ghana, les Algériens ont semblé avoir retenu la leçon. C’est ce que l’on avait cru jusqu’à la 93’. Et ce but improbable inscrit par Gyan Asamoah alors que l’abitre guinéen avait le sifflet à la bouche. De ce match, les Fennecs sortent avec une énorme frustration. Ils ont maîtrisé des Black Stars parfois tetanisés par l’enjeu, eux qui avaient perdu le premier match contre le Sénégal (1-2). En perdant face au Ghana, les hommes de Gourcuff ne pouvaient s’en prendre qu’à eux mêmes. Ils ont géré de façon stérile ne mettant quasiment jamais leurs adversaires en danger. Il a suffi d’une faute d’inattention (celle de Kadir) dans le camp adverse pour subir la foudre d’Asamoah. Ce semi échec a crée un début de tension autour de la sélection. Les éternels détracteurs ne s’en privèrent pas et jetèrent en pature une supposée faiblesse mentale, une incapacité de la sélection à répondre présent lors des rendez-vous capitaux. “Oubliant” la dernière Coupe du monde et tous les matches couperets remportés par la bande de Halilhodzic pui de Gourcuff lors des éliminatoires de la CAN et du Mondial.
Si l’ambiance extérieure était au pessimisme “justifié” ou “calculé”, l’équipe ,elle, n’a jamais douté. D’ailleurs, dans un entretien vérité qu’il nous avait accordé la veille du match face au Sénégal, Sofiane Feghouli s’est montré d’une confiance à toute épreuve. Une confiance démontrée le jour du match. Face au Lions de la Teranga, dont tout le monde craignait l’impact physique, les Fennecs n’ont pas été loin du match reference. Sur une pelouse du stade de Malabo plus digne d’une compétition de haut niveau, l’Algérie a fait une démonstration de jeu collectif, de solidarité et de force mentale. Tout en laissant le talent individuel des Yacine Brahimi, Ryad Mahrez, Nabil Bentaleb et Sofiane Feghouli faire le reste. Les pendules ont été remises à l’heure. Et si rien n’est jamais sûr, maintenant que cette équipe est libérée du poids de l’élimination au premier tour, le meilleur n’est pas à exclure. A nouveau, le sort ne l’a pas gâtée puisqu’elle doit affronter la Côte d’Ivoire de Yaya Touré. Mais Gourcuff et ses hommes savent que s’ils veulent décrocher une deuxième étoile, ils sont obligés d’affonter et de battre les meilleurs. En quart, en demie ou en finale.
Suite du feuilleton pour la Tunisie et l’Algérie les 31 janvier et 1er février.
@Fayçal CHEHAT
Les quarts de finale de l’Algérie et de la Tunisie depuis 1992
1996
Algérie 1 Afrique du Sud 2 : But: Tarek Lazizi
– Tunisie 1 Gabon 1 ( 4 tab à 1) : But : Zoubeir Baya
1998
– Tunisie 1 Burkina Faso 1 ( 7 tab à 8) : But : Hassan Gabsi
2000
– Algérie 1 Cameroun 2 : But : Abdelhafidh Tasfaout
– Tunisie 1 Egypte 0 : But : Khaled Badra
2004
– Tunisie 1 Sénégal 0 But: Jawhar Mnari
– Maroc 3 Algérie 1 : Buts: Marouane Chamakh, Youssef Hadji, Jawad Zaïri (Maroc), Abdelmalek Cherrad (Algérie)
2006
– Tunisie 1 Nigeria 1 ( 5 tab à 6) : But : Karim Haggui
2008
– Tunisie 2 Cameroun 3 : Buts : Chaouki Ben Saada, Yassine Chikhaoui
2010
– Algérie 3 Côte d’Ivoire 2 : Buts : Karim Matmour, Madjid Bougherra, Hameur Bouazza
2012
– Tunisie 1 Ghana 2 : But : Saber Khalifa