La Turquie serait-elle en passe de devenir la destination à la mode des joueurs maghrébins? La question mérite en tout cas d’être soulevée depuis que Nabil Dirar a décidé de poser, cet été, sa valise à Fenerbahçe…
La Turquie serait-elle en passe de devenir la destination à la mode des joueurs maghrébins? La question mérite en tout cas d’être soulevée depuis que Nabil Dirar a décidé de poser, cet été, sa valise à Fenerbahce et que son compatriote Younes Belhanda, sa signature ne serait qu’une question de jours, devrait lui emboiter le pas avec Galatasaray. Sous réserve d’officialisation du transfert de l’ex-monptellierain, les arrivées deux franco-marocains, qui viennent gonfler la colonie* des joueurs arabes déjà établie dans le championnat turc, marquent assurément un saut qualitatif dans la politique de recrutement des clubs stambouliotes. En attendant peut être Samir Nasri, pressenti du coté de Besiktas ou de Galatasaray, et d’ autres ? ( Boudebouz, Ghezzal, Ben Arfa….), nous vous proposons de répertorier les atouts de ce nouvel eldorado.
Un championnat compétitif et des équipes qui jouent l’Europe
Contrairement à ce que les grincheux pourraient croire, signer pour un des trois géants d’Istanbul n’est pas forcément une régression en matière sportive. Jouer pour Galatasaray, Besiktas ou Fenerbahce, c’est avoir la certitude que l’adversité sera au rendez vous sur tous les terrains de Turquie. Outre les derbys stambouliotes qui polarisent l’attention de tout un pays, chaque déplacement d’un des cadors en province permet de mesurer à quel point ces équipes cristallisent l’inimitié. Celle-ci s’est encore accrue depuis que l’Istanbul Basaksehir s’est invitée, cette saison, dans la mégapole aux 16 millions d’habitants. L’équipe du Togolais Emmanuel Adebayor, leader jusqu’à la trêve, a ainsi joué les trouble-fêtes jusqu’au bout pour disputer à Besiktas un titre de champion que les Noir et Blanc n’ont arraché que dans les dernières journées. A l’échelon européen, le récent vainqueur de la Super Lig turk 2017 a par ailleurs fait honneur au football local en allant disputer un quart de finale d’Europa League. Les camarades de Demba Ba n’ont été sortis de la compétition, face à l’Olympique Lyonnais, qu’après la séance des tirs au but. Avec les récentes signatures de Mathieu Valbuena (Fenerbahce) et les accords verbaux de Bafétimbi Gomis et de Gaël Clichy pour rejoindre Galatasaray, qui s’ajoutent aux stars déjà présentes (Van Persie, Eto’o, Sneijder, Quaresma, Podolski...), nul doute que le niveau de la ligue turque sera rehaussé et que la concurrence sera plus vive dès la reprise des hostilités cet été.
Des salaires confortables dans des clubs bien structurés
Si l’attrait sportif est indéniable pour rejoindre la Süper Lig, les éléments sonnants et trébuchants peuvent aussi convaincre les joueurs de rejoindre les rives du Bosphore.Pour attirer de très bons joueurs, les mastodontes turcs sont ainsi capables de s’aligner sur des tarifs pratiqués dans des championnats plus huppés comme ceux de France, d’Allemagne, d’Italie ou d’Espagne. Ils peuvent même offrir en net ce que gagnent certains footballeurs en brut dans leurs clubs d’origine. Ainsi Younes Belhanda se serait vu proposer un contrat de 4 ans et un salaire annuel estimé à 3 millions d’euros. Souvent détenus par des milliardaires, les clubs omnisports turcs peuvent compter sur les deniers personnels de leurs propriétaires et sur l’argent que verse Digitürk, le géant des médias détenu par le groupe qatari BeIN Sports. Ce dernier a acquis les droits télés du championnat jusqu’en 2022 pour la somme record de 590 millions de dollars, soit le sixième marché en Europe en termes de valeurs. Evoluer à Istanbul, c’est aussi la garantie de jouir d’installations sportives qui répondent aux standards des plus grands clubs européens, et quand on porte la tunique de Galatasaray ou de Besiktas de se produire dans les enceintes ultra modernes que sont la Türk Telekom Arena (52 000 places) ou la Vodafone Park (42 000 pl).
Une ambiance de feu dans les gradins
L’accueil ultra chaleureux qu’a connu Nabil Dirar à son arrivée à l’aéroport Atatürk, avec la présence de centaines de fans de Fenerbahce et de plusieurs caméras de télévision, préfigure ce que le joueur, et tous ceux qui le suivront dans sa démarche, pourront connaître cette saison dans les stades turcs.Si les oppositions entre clubs d’Istanbul suscitent un déchainement de passions, l’engouement pour le ballon rond n’en est pas moins intense sur tout le territoire. Les trois grands clubs stambouliotes, qui comptent chacun plusieurs millions de supporters dans leur ville, savent qu’ils peuvent aussi s’appuyer sur un véritable soutien populaire en dehors de leurs bases. Que ce soit à domicile ou en déplacement, évoluer pour l’une de ces formations est l’assurance de vivre de fortes émotions dans des stades toujours plein.
Un contexte cultuel et culturel idoines
La ville aux mille mosquées permet aux joueurs maghrébins d’être en phase avec leur pratique cultuelle. Cette donnée pèse de tout son poids quand on connait le degré de piété de certains footballeurs. Se sentir en symbiose avec son environnement spirituel peut aider à trouver un équilibre socio-professionnel qui en retour impactera positivement les performances sportives des principaux intéressés. Outre la pratique religieuse, la Sublime Porte offre également une vie sociale très riche et des sites touristiques parmi les mieux conservés au monde. Pour les femmes de joueurs, souvent prescriptrices dans le choix de carrière de leurs époux, la possibilité de vivre dans une ville aussi dynamique, et à plus large échelle dans un pays dynamique qui jouit d’un patrimoine culturel et historique exceptionnel, s’avère souvent déterminant quand il s’agit de peser le pour et le contre entre plusieurs propositions de contrat.
@Nasser Mabrouk
* Liste des joueurs engagés dans le championnat 2016/17 :
Nabil Ghilas, Anis Ben-Aritha (Gazantiepspor), Aatif Chahechoue(Fenerbahce), Carl Medjani (Trabzonspor), Adam Maher, Adrien Regattin (Osmanlispor), Ismael Aissati (Alanyaspor), Mostefa El Kabir (Antalyspor), Marwane Saadane (Rizespor)