A partir d’aujourd’hui, retrouvez tout au long de cette semaine l’histoire de celui qui fit gagner la Coupe du monde à la France.Récit.
Un footballeur de rue…
Zinedine fait ses premiers pas de footballeur sur la place de la Tartane, à la Castillane, dans le quartier Nord de Marseille, c’est à dire la partie la plus populaire de la capitale provencale. Il commence à jouer sous l’œil protecteur de sa maman dont les fenêtres du modeste appartement familial donnent justement sur la place. Zinedine y jouait des parties mémorables avec ses copains de quartier souvent jusqu’à la tombée de la nuit. Des années plus tard, alors qu’il était devenu un professionnel de haut niveau, il a continué à en parler avec émotion s’en souvenant comme le vrai point de d »part de sa formidable aventure : « Avec le recul, je pense que tout ce temps passé sur l’asphalte m’a permis de développer ma technique. Le bitume est la surface idéale pour travailler balle au pied, bien meilleure que la pelouse. J’ai fait même ma première roulette sur la place… » Le jeune joueur à la chance d’avoir des parents qui ne freinent jamais de façon brutale sa passion pour le jeu.
Une famille modeste et unie…
Smail et Malika Zidane forment un couple traditionnel pour lequel la famille et toutes les valeurs positives qui s’y attachent ont une place considérable. Originaire du petit douar (hameau) d’ Agamoun (petite Kabylie).250 kms à l’est d’Alger et pas loin du port de Bejaïa. Smaïl Zidane arrive en France comme travailleur immigré au début des années cinquante. Après quelques années passées en région parisienne, le soleil, la chaleur et la convivialité du Sud lui manquent. Il tente alors sa chance à Marseille ou il finit par trouver un emploi comme agent de sécurité de nuit dans un supermarché. C’est le début de la saga des Zidane. Smaïl aura finalement cinq enfants dont une seule fille (Lila).Les garçons se prénomment dans l’ordre de naissance : Farid, Djamel, Zinedine et Nordine. Zinedine est donc le troisième de la fratrie. La famille est modeste, mais vit dignement. Le père tient absolument à faire de ses enfants des hommes et des femmes respectueux et respectables. Un respect basé sur l’humilité, la pudeur, l’honnêteté, le goût de l’effort et du travail, la place importante des aînés. À la maison, les enfants sont habitués à parler la langue maternelle. Il y arrivera au-delà de ses espérances. À la Castellane, les Zidane jouissent d’une très belle réputation et cela avant même que Zinédine ne deviennent Zizou la star mondiale. La famille ne roule pas sur l’or, mais la nourriture est toujours sur la table et les enfants ne manquent de rien. Bref, les Zidane forment une famille comme tant d’autres dans cette partie modeste de la ville de Marseille. La faiblesse des moyens matériels dont ils disposaient n’a pas empêché les parents de donner à tous leurs enfants des prénoms à signification optimiste et lumineuse. Comme s’ils voulaient provoquer le destin. Ainsi, Farid signifie à la fois l’Unique et l’Heureux ; Djamel signifie, la beauté ; Nourredine signifie la Lumière de la Religion, Leila, la Nuit étoilée. Enfin, le sens de Zinedine est « la magnificence et la beauté de la religion.
Mais attention, ce clin d’oeil appuyé à la religion musulmane ne veut pas dire que les Zidane sont des gens obsédés par l’Islam. Smaïl et Malika pratiquent leur foi avec mesure et sans ostentation. Chez eux, c’est plus une façon d’être et de vivre pacifiques qu’une lourde charge spirituelle.
Jean Varraud, la rencontre.
Ces parent-là qui ne connaissent pas l’excès, quel que soit le domaine, vont faciliter le choix et l’orientation naturels de Zinedine pour la pratique du football. Bien sûr, Smaïl voyait plutôt pour son fils un parcours scolaire classique et brillant dans la mesure du possible, mais il n’insistera pas lorsque le football s’imposa comme une alternative. Après le football de cour et de rue, Zinedine s’inscrivit en premier lieu dans un petit club de son quartier, l’AS Foresta, puis rejoignit l’US Saint Henry avant d’opter pour le Sport OIympique de Septèmes-les-Vallons. Il y fera ses classes jusqu’à l’âge de 14 ans, c’est-à-dire dans la catégorie des cadets. En signant une licence dans ce club, il s’offre une première visibilité et fait également une première rencontre intéressante avec un détecteur de talents hors – pair, Robert Centenero. Ce dernier fut en quelque sorte un protecteur, un second père : « il m’emmenait à l’entraînement, m’invitait à manger, il a tout fait pour moi… » se souvint Zidane, jamais avare de reconnaissance, lorsque son bienfaiteur disparut, il y a quelques années…
Deuxième moment décisif. Celui de la déchirure aussi et de la séparation d’avec sa famille, lorsque l’AS Cannes, grâce à Jean Varraud, un autre génie de la détection dont peut s’enorgueuillir la région Alpes-Côte d’Azur, proposa de l’accueillir dans son centre de formation. Ce qui devait être un essai se transforma en expérience de longue durée : « J’étais venu à Cannes pour une semaine et j’y suis resté six ans » racontera Zidane plus tard. Par chance, il tomba sur une famille d’accueil formidable. Chez les Elineau, Zinédine était comme chez lui. Lorsque son père venait lui rendre visite de temps en temps, il pouvait se rendre compte combien son fils était aimé, chouchouté par la famille Elineau dont un des enfants jouait également au football à l’AS Cannes. Monsieur Smaîl rentrait chez lui rassuré et transmettait cette assurance à Malika sa femme. Ce qui rendit la séparation avec l’enfant prodige un peu moins douloureuse.
@chehatfayçal
La suite jeudi 7 janvier